
Ainsi la lecture d’un article publié par une équipe chinoise en 2007 et qui évoquait la pandémie de 2003 est-il passé inaperçu. Alors qu’il contenait dans ses descriptions et ses conclusions tous les indices de ce qui allait advenir, que l’on aurait ainsi pu prévoir et surtout…éviter !
Car le début de la pandémie de COVID-19, due au virus SARS-CoV-2, ressemble à s’y méprendre à celui la pandémie de 2003. Apparue en Chine, due à un coronavirus inconnu à l’époque, le SARS-CoV-1, l’infection a touché rapidement plus de 8 000 personnes à travers le monde, avec un taux de décès évalué à 10 %. L’impact sur les systèmes de soins, les économies et les sociétés des pays affectés, a été considérable au cours des quelques mois qu’a duré l’épidémie. Alors que le nombre de personnes infectées semble presque « dérisoire » aujourd’hui : l’OMS annonçait le 25 mars près de 450 000 cas de COVID-19 confirmés dans le monde.
Une bombe à retardement
Quelque 4 000 publications disponibles en ligne témoignent de l’intense effort réalisé pour comprendre et maîtriser dans un bref délai l‘épidémie de SRAS de 2003. Le mode de transmission du virus SARS-CoV-1 (gouttelettes respiratoires, contact avec sujet infecté), la durée de l’incubation (de 2 à 14 jours), et la transmissibilité (1 cas est suivi en moyenne de 2 à 4 cas secondaires) ont été rapidement déterminés. En revanche, nombre d’éléments restaient mal connus ou totalement ignorés. Parmi ceux-ci, le rôle des événements de « super-propagation » et la transmissibilité, la saisonnalité du virus, les bases moléculaires et immunologiques de la pathogénie de la maladie chez les humains, les modalités de dépistage ou encore la prévention ou la prise en charge des patients, etc.Dans leur mise au point de 2007, Cheng VCC et coll. soulignent néanmoins que les coronavirus sont connus pour subir des recombinaisons génétiques, à l’origine de nouveaux génotypes et donc de possibles futures épidémies. Si la chauve-souris « à fer à cheval » est le réservoir naturel du SARS-CoV-1, le nombre important d’espèces de mammifères susceptibles d’être infectés (civettes palmistes, furets, chiens viverrins) démontre la capacité du virus de traverser les frontières inter-espèces, faisant de lui un candidat parfait à l’émergence ou la réémergence.
Pour les auteurs, la présence de ce large réservoir de coronavirus, associé à la coutume fréquente au sud de la Chine de manger des animaux sauvages, disponibles sur des marchés, constitue une véritable bombe à retardement. Ils concluent sur la nécessité de ne pas ignorer la possibilité de la réémergence du SRAS-CoV-1 ou d’autres nouveaux virus et donc sur la nécessité de s’y préparer…
Il est des publications dont on regrette qu’elles n’aient pas eu plus d’échos.
Dr Roseline Péluchon