Covid 19, petit lexique des traitements en ir et en ab

Les patients atteints d’une Covid-19 légère ou modérée peuvent présenter des symptômes respiratoires et/ ou systémiques mais sans tachypnée, hypoxie ni autres signes de gravité pouvant conduire à une hospitalisation. La phase précoce de l’infection s’accompagne d’une réplication virale. A ce stade, des traitements anti viraux peuvent être utiles pour prévenir la progression de la maladie, une hospitalisation, voire un décès. Plusieurs cibles thérapeutiques sont envisageables, suivant le cycle de vie du SARS-CoV-2. Les anticorps monoclonaux se fixent sur la protéine de pointe du virus, bloquant ainsi son entrée dans la cellule. Le nirmatrelvir-ritonavir inhibe la principale protéase du SARS-CoV-2, clivant des poly protéines essentielles pour la réplication virale. Le molnupiravir et le remdesivir ciblent, quant à eux, la réplication de l’ARN viral, amenant à des mutations et donc à une impossibilité de réplication du virus pour le premier et à une inhibition d’une polymérase virale ARN par le second. A l’heure d’Omicron, les options thérapeutiques sont diverses.

Le sotrovimab seul efficace face à Omicron

Le sotrovimab, tout comme le bamlanivimab- étésevimab, le casirivimab- imdévimab sont des anticorps monoclonaux anti protéine spike du virus. Ils sont autorisés aux USA pour le traitement des formes légères à modérées, dans les 10 jours suivant le début de la symptomatologie clinique. Toutefois, face à Omicron, seul le sotrovimab reste actif. Pour cette raison, le National Institute of Health ne recommande cette dernière molécule que dans les zones géographiques à forte prévalence d’Omicron.

Nirmatrelvir-ritonavir dans les 5 premiers jours

Le nirmatrelvir-ritonavir (Paxlovid®) est une combinaison thérapeutique inhibant le métabolisme CYP3A du nirmatrelvir, permettant d’obtenir des taux sériques efficaces pour cette molécule. Un essai de phase 2/3 contre placebo, ayant porté sur 2 246 patients atteints de Covid à haut risque de progression, avec administration du médicament dans les 5 premiers jours, a mis en évidence, dans le groupe actif, une réduction de 88 % du risque d’hospitalisation ou de décès, respectivement 0,8 % vs 6,3 %. En Décembre 2021, la Food and Drug Administration a donné, en urgence, l’autorisation de recourir au nirmatrelvir- ritonavir dans les formes bégnines de Covid, chez des adultes et enfants de plus de 12 ans et de poids de plus de 40 kg. Il importe de signaler que, de par les interférences médicamenteuses liées à l’inhibition du CYP3A, cette combinaison thérapeutique ne doit pas être employée lors de la prise de médicaments tels que l’amiodarone, la rifampicine ou le rivaroxaban. D’autres, comme par exemple les inhibiteurs de la calcineurine, nécessitent une réduction des posologies et une étroite surveillance. Les statines doivent enfin être arrêtées temporairement.

Le remdesivir peut être utile pour les patients à haut risque

Le remdesivir est également approuvé par la FDA pour les patients hospitalisés. Un essai randomisé a porté sur 562 patients non hospitalisés, dans les 7 jours de progression de l’infection, qui avaient au moins un facteur de risque de forme grave. Le remdesivir a été administré pendant 3 jours consécutifs. Le risque d’hospitalisation a été considérablement réduit, à 0,7 % vs 5,3 % dans le groupe témoin. Aucun décès n’a été déploré. De ce fait, le NIH et l’American Society of Infectious Diseases ont émis une recommandation, suggérant que cette molécule pouvait représenter une option thérapeutique chez les patients à haut risque mais non hospitalisés, dans les 7 premiers jours.

Le molnupiravir avec prudence !

Le molnupiravir a fait l’objet d’un essai de phase 3 auprès de 1 433 adultes non hospitalisés, présentant une forme légère à moyenne, porteurs d’un facteur de risque et dans les 5 jours suivant le début de la symptomatologie clinique.

Une réduction de 30 % du risque d’hospitalisation et de décès a été constatée chez les patients traités (6,8 vs 9,7 % sous placebo). Des réserves à son emploi tiennent à ce que le molnupiravir pourrait amener à des mutations du génome humain et faciliter l’émergence de variants viraux, d’où la nécessité d’études complémentaires à son sujet. En Décembre 2021, la FDA a autorisé son emploi dans les formes légères à modérées, uniquement si d’autres options thérapeutiques n’étaient pas disponibles ou inutilisables cliniquement. Il n’est pas recommandé chez la femme enceinte et interdit chez l’enfant. Les femmes ayant un désir de grossesse doivent recourir à une contraception orale et les hommes doivent utiliser un moyen contraceptif durant et dans les 3 mois suivant son administration.

Chacun des traitements pré cités ont leurs avantages et leurs inconvénients. Dans la majorité des cas, l’association nirmatrelvir-ritonavir est choisie du fait de sa grande efficacité et sa prise per os. En cas d’impossibilité, le sotrovimab est possible, voire, en troisième option, le remdesivir qui nécessite un apport IV pendant 3 jours. En dernier lieu, le molnupiravir reste utilisable, en s’entourant de toutes les précautions d’emploi rapportées plus faut. En cas de grossesse, le remdesivir est utilisable sans problème de tolérance particulière. Il en va de même pour les anticorps monoclonaux. On ne dispose pas de données sur l’innocuité du nirmatrelvir. Enfin, le ritonavir n’a été associé à aucun effet secondaire grave, son usage étant ancien car il est déjà utilisé contre le VIH depuis de nombreuses années. Chez les enfants de plus de 12 ans et de plus 40 kg, il est possible de recourir au nirmatrelvir-ritonavir ou au sotrovimab. Le remdesivir n’est permis qu’en cas d’hospitalisation ; le molnupiravir reste contre indiqué.

La production, par l’industrie pharmaceutiques, de ces médicaments étant limitée, peuvent donc se poser des problèmes d’allocation. Les malades les plus à risque doivent être prioritaires. Dans l’avenir, plusieurs questions devront trouver des réponses afin d’optimiser les traitements chez les individus infectés non hospitalisés. Il faudra notamment préciser l’intérêt de tels traitement chez les sujets à faible risque ou déjà vaccinés. Il faudra aussi évaluer le bénéfice d’associations thérapeutiques chez les plus graves, les immunodéprimés ou présentant une réplication prolongée du SARS-CoV-2 et définir le rôle de ces molécules dans la transmission virale. En outre, une distribution équitable de ces médicaments devra être mise en place, pas seulement dans les pays riches. Une réponse globale reste indispensable, devant s’appliquer, dans un souci d’ équité et de justice, à l’actuelle pandémie mais également à celles à venir.

Dr Pierre Margent

Référence
Gandhi RT et coll. : COVID-19 Therapeutics for Nonhospitalized Patients. JAMA, 2022 ; publication avancée en ligne le 14 janvier. doi: 10.1001/jama.2022.0335.

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