Les auteurs se sont basés sur les données longitudinales de
l'enquête PsyCorona, dont les participants ont complété une série
de questionnaires sur base volontaire entre mars 2020
(questionnaire initial) et juillet 2021 (dernière vague). Au total,
2.841 personnes avaient répondu à la dernière vague de l'enquête,
dont 2.663 ont finalement été reprises dans l'analyse.
L'échantillon recouvrait 25 nationalités. La majorité des
répondants (56 %) étaient âgés de 35 à 64 ans et 67 % étaient des
femmes ; 56 % avaient un niveau de formation correspondant au moins
au baccalauréat.
Prédicteurs potentiels
Les auteurs se sont intéressés à la fois à la vaccination
effective (au moment de la dernière enquête) et à l'intention de se
faire immuniser (sur la base de la 1e réponse disponible après
l'avènement des vaccins, en décembre 2020). Ils ont également
épinglé une série de prédicteurs potentiels tels que l'âge, le
sexe, le niveau d'éducation, la religiosité, l'orientation
politique, la confiance dans les mesures anti-covid du
gouvernement, la perception du risque de contracter l'infection et
de sa gravité, les attentes normatives (approbation sociale) et le
soutien aux mesures visant à endiguer la propagation du virus. Par
ailleurs, ils ont évalué la propension au complotisme en général
(lors de la 1e enquête) et spécifiquement pour les vaccins covid
(en décembre 2020). Ils ont également sondé, plus largement, les
croyances positives et négatives concernant ces derniers à partir
de leur arrivée sur le marché.
Pas si loin de la coupe aux lèvres
Au moment de la dernière vague, 82,1 % (n = 2.186) des
répondants étaient vaccinés – un groupe globalement plus âgé, plus
éduqué et plus favorable à la vaccination. Sans surprise,
l'intention de se faire vacciner et l'attitude positive face au
vaccin étaient de loin les principaux prédicteurs d'une vaccination
effective. Les attentes normatives, le soutien aux mesures
restrictives, la perception des risques et la confiance dans le
gouvernement étaient également associés à une probabilité accrue
d'être vacciné, tandis que la croyance aux théories du complot, le
fait d'être politiquement « de droite » et la religiosité avaient
l'effet inverse.
Les auteurs ont également réalisé une analyse des corrélations
entre les différents facteurs prédicteurs, ce qui révèle quelques
paradoxes intéressants. Bien qu'elles soient associées à une
moindre probabilité d'être vacciné, l'orientation politique « de
droite » et la religiosité étaient par exemple aussi corrélées à
une confiance accrue dans le gouvernement et à un soutien plus
marqué aux mesures restrictives…
Cet article a d'abord été publié sur MediQuality le
21/11/2022
Bénédicte Langlois
