
Etiologie
organique (fatigue physique) |
Dépression
caractérisée (fatigue physique) |
Asthénie augmentée par
l'effort |
Asthénie diminuée par
l'activité |
Hyperalgésie | Hypoalgésie |
Hypersomnie +
insomnie |
Insomnie + anorexie ou
hypersomnie + hyperphagie |
Ralentissement
constant |
Ralentissement ou
agitation |
Evitement des étrangers et
recherche des proches |
Evitement des proches et
tolérance des étrangers |
Rareté des cognitions
dépressives |
Triade de Beck (vision
négative de soi, du monde, de l'avenir) |
Covid long et fatigue
Le syndrome de Covid long, caractérisé par un ralentissement cognitif avec difficultés de fonctionnement, accompagné ou non d’autres symptômes, peut s’apparenter à la description dans d’autres pathologies de symptômes persistants malgré la guérison de la maladie aiguë. Le plus souvent, ces symptômes de Covid long disparaissent en quelques semaines ou mois.
Cependant, ils peuvent persister au-delà de 6 mois ce qui n’est pas sans rappeler le syndrome de fatigue chronique après une infection virale aiguë, ou les troubles fonctionnels intestinaux après une gastro-entérite aiguë ou encore les douleurs thoraciques sine materia après un événement coronarien. Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer cette persistance :
-La séquelle d’un épisode initial sévère ; mais des symptômes persistants peuvent être observés après des épisodes peu sévères, voire après que les symptômes aigus aient initialement disparu.
-La persistance d’un processus physiopathologique infectieux, immunitaire, vasculaire ou neurodégénératif ; mais les anomalies observées ne sont pas différentes de celles rencontrées dans un Covid sans symptôme persistant.
-La manifestation d’une dépression ou d’une anxiété n’est pas impossible car l’anxiété a été identifiée comme facteur de risque indépendant de prolongation des symptômes, surtout si elle préexistait à l’infection, tandis que la fatigue est le principal symptôme associé aux symptômes anxiodépressifs de la Covid. Cependant, la comorbidité anxieuse ou dépressive dans le Covid long est inconstante.
-Des troubles somatiques fonctionnels qui se rencontrent préférentiellement chez les sujets perfectionnistes ou intolérants à l’incertitude à la suite d’un événement médical. Ils sont entretenus par les comportements d’évitement, une focalisation attentionnelle, une anticipation ou une interprétation catastrophiste.
La fatigue du Covid long est également particulière car elle est ressentie subjectivement de manière intense, sans se traduire par une diminution des performances par rapport à la population générale. Par ailleurs, plusieurs études ont montré que l’anticipation des symptômes de Covid long et la croyance en la possibilité de leur survenue augmente la fatigue, ce qui pourrait expliquer que ces Covids longs ont été plus fréquents au cours de la première vague avec un pic lors de l’annonce du confinement. Une étude française montre par ailleurs que ce sont les patients qui faisaient le plus confiance aux réseaux sociaux (et le moins aux autorités) qui risquaient le plus de développer un Covid long.
Que retenir ?
Au total, le Covid long pourrait être un trouble somatique fonctionnel conclut Pr Cédric Lemogne. Marqué par un contraste entre la normalité de l’examen clinique et l’intensité des symptômes, il est favorisé par le perfectionnisme et l’intolérance à l’incertitude et voit sa durée allongée lorsque des conduites d’évitement, de focalisation attentionnelle ou de catastrophisme y sont associées. Il survient généralement dans un contexte anxiogène, accru par les fausses croyances colportées par les sources d’information non (ou moins) fiables, et par le fait de ne pas se sentir reconnu en tant que malade.
Dr Dominique-Jean Bouilliez