
La maladie de Creutzfeldt-Jakob est une affection redoutable fatale (médiane de survie 4 à 6 mois). Sa prévalence reste heureusement extrêmement faible (1 à 2 cas pour 1 million) malgré les inquiétudes des années 90 liées à l’apparition d’un nouveau variant (encéphalite bovine spongiforme). La recherche fondamentale a permis de faire progresser les connaissances sur l’agent responsable de la maladie, le prion. En effet, dans cette affection, on observe une modification post-traductionnelle de cette protéine aboutissant à son agrégation et à la perte neuronale. Des modèles cellulaires et animaux ont été développés permettant de tester certaines molécules. Fait intéressant, la quinacrine, antipaludéen bien connu traversant la barrière hémato-encéphalique, s’est avéré efficace dans des modèles pathologiques en cultures cellulaires. Quelques publications isolées ont aussi suggéré un effet thérapeutique chez l’homme.
Le Medical Research Council Britannique s’est engagé dans
la promotion d’un essai randomisé de cette molécule, l’étude
PRION-1. L’équipe impliquée dans ce projet s’est heurtée rapidement
au refus de la majorité des patients de prendre une molécule
placebo pour la raison évidente du pronostic rapidement fatal. Cent
sept patients ont été inclus (forme sporadique n=45 ; forme
iatrogénique n=2 ; nouveaux variant n=18 ; forme familiale
n=42).
Vingt-trois patients ont participé à l’étude pilote et 84 à l’étude
finale. Deux patients seulement ont choisi de participer à la
randomisation. Quarante patients ont pris de la quinacrine.
Malheureusement, le traitement n’a eu aucun impact sur la
mortalité. Quatre des 40 patients sous quinacrine ont présenté une
amélioration transitoire. Pour les auteurs, cet échec pourrait
s’expliquer par une concentration cérébrale de quinacrine
probablement insuffisante pour reproduire les effets observés en
culture cellulaire.
En conclusion, les auteurs suggèrent de tenir compte d’un certain nombre de caractéristiques de la maladie dans la conception des prochaines études. La pathologie est rare et doit être diagnostiquée le plus rapidement possible afin de permettre la randomisation et de laisser plus de chance au traitement. Des biomarqueurs doivent être rapidement précisés et les patients doivent être recrutés dans des centres hyperspécialisés pour limiter la variabilité inter investigateurs au niveau de l’évaluation.
Dr Christian Geny