
Certains travaux récents ont aussi suggéré que les benzodiazépines pourraient être contre-indiquées dans les contextes de traumatismes. Elles seraient inefficaces dans la prévention du syndrome post-traumatique, voire en augmenteraient le risque ainsi que celui de dépression, et réduiraient l’efficacité des psychothérapies.
Une équipe française s’est intéressée à l’utilisation des benzodiazépines après un épisode particulièrement traumatisant pour la population française, celui des attaques terroristes de novembre 2015. Les auteurs ont utilisé la base de données des Centres d’Examens de Santé (cohorte CONSTANCES), pour observer l’évolution des prescriptions, en considérant les 30 semaines précédant les attaques et les 50 semaines qui ont suivi.
Ne pas méconnaître le stress psychologique général
L’étude porte sur plus de 90 000 individus inclus dans la base. Si les prescriptions n’ont pas augmenté dans la totalité de la cohorte, plusieurs sous-groupes de personnes sont toutefois touchés. C’est particulièrement le cas des moins de 50 ans, avec un accroissement de 14 % du nombre des prescriptions et de 12 % du nombre de doses journalières prescrites. Les femmes jeunes (+ 18 %), avec un niveau élevé d’éducation (+ 23 %) ou habitant à Paris (+ 27 %) sont les plus concernées par cette augmentation. Mais elle touche aussi plus globalement les plus instruits (+22 %), les personnes à faible revenus (+17 %) et ceux ne vivant pas à Paris (+13 %).Les auteurs conviennent eux-mêmes des limites de cette étude. Elles tiennent principalement au mode de recrutement dans les centres de santé, qui n’est peut-être pas représentatif de la population générale. L’analyse permet toutefois d’identifier les groupes à risque que sont les femmes et les jeunes, et confirme aussi que, dans un tel contexte, il ne faut pas négliger le stress psychologique subi par des personnes éloignées des lieux des évènements.
Dr Roseline Péluchon