
Aux États-Unis, le nombre de nouveaux cas annuels de cancer du col utérin est estimé à 9 710, et 3 700 femmes meurent chaque année de ce cancer ; les femmes âgées comptant pour plus de 40 % de ces décès sans recommandations consensuelles quant au dépistage. Dans ce contexte, afin d’en savoir plus le cancer du col des seniors, des auteurs de l’université de Washington ont évalué, rétrospectivement, les données intéressant le cancer du col chez les femmes âgées de 60 ans et plus.
Ils ont soumis à analyse, en s’appuyant sur les données du registre des cancers de l’université de Washington, les informations concernant les femmes âgées de 60 ans et plus dont le cancer du col avait été diagnostiqué entre le 1er janvier 1993 et le 31 décembre 2003, en portant une attention particulière aux frottis, au stade au diagnostic de cancer du col, aux facteurs de risque de ce cancer, au traitement et à l’évolution globale.
Sur 645 patientes ayant eu un cancer du col identifiées, 15,5 %
étaient âgées de 60 ans et plus, avec une médiane d’âge de 64 ans
(extrêmes : 60-90 ans). Dans la population des 60 ans et plus, 64 %
des femmes étaient blanches, 60 % avaient eu des métrorragies
révélatrices, 48 % étaient fumeuses, 3 % avait eu une infection par
le HPV, 1 % une infection par le HSV II, 1 % une maladie
inflammatoire pelvienne.
Au moment du diagnostic, 41 cas étaient de stade précoce (1A1-1B1)
et 59 de stade avancé (1B2-4B), avec une forte relation,
significative, entre le délai écoulé depuis le dernier frottis, et
le stade observé.
Le suivi moyen était de 22 mois (1-120 mois), le nombre moyen
d’années écoulées depuis le dernier frottis était de 5,8 dans le
groupe dont le cancer a été reconnu à un stade précoce, et de 9,3
dans le groupe à cancer avancé. Des métastases ganglionnaires ont
été trouvées chez 65 % des patientes ayant un cancer cervical
avancé. Une hystérectomie totale a été effectuée chez 29 patientes,
15 ont eu un traitement adjuvant, 22 ont été traitées par
radiothérapie première, 49 ont reçu chimio- et radiothérapie
premières.
À la fin de la période d’étude, 77 patientes étaient en vie, dont
60 qui n’avaient plus aucune manifestation de la maladie. A noter
qu’en cas de récidives, celles-ci touchaient, le plus souvent, le
fond vaginal. En cas de dissémination, un envahissement
lymphatique, pelvien ou abdominal, une atteinte hépatique ou des
métastases pulmonaires ont été rapportés.
Quant à l’analyse des données, elle met en évidence une relation
entre le résultat global et le stade tumoral et le délai écoulé
depuis le dernier frottis, 20 des 23 décès étant dus au cancer du
col.
Cette étude, la première, selon les auteurs, à avoir évalué la relation entre stade du cancer invasif du col lors de son diagnostic, et historique de dépistage des femmes âgées de 60 ans et plus, montre qu’une insuffisance de frottis cervicaux de dépistage est associée à la découverte d’un cancer du col plus avancé et à une survie sans maladie plus brève. Les auteurs insistent sur la nécessité de recommandations définies pour le dépistage du cancer du col chez les femmes âgées.
Dr Claudine Goldgewicht