
Influence du statut socio-économique
Les caries sont liées à la présence de bactéries cariogènes, à
des troubles du développement de l’émail dentaire et à un faible
flux de salive. Interviennent également des facteurs sociaux non
biologiques tels qu’un accès réduit à des soins dentaires, un bas
niveau socio-économique, une histoire familiale et personnelle de
caries dentaires, la consommation importante d’aliments sucrés, une
moindre absorption de fluorures ou encore une hygiène buccale
défectueuse. On estime que 17 % des enfants ayant vécu, en 2011-
2012, en dessous du seuil de pauvreté présentaient des caries non
traitées. A ce jour, on ne dispose d’aucune étude spécifique
portant sur la supplémentation en fluor utile en cas de
concentration inadéquate dans l’eau de boisson (< 0,6 part de
fluor pour un million de parts d’eau, ppmF). De même, on ignore
l’âge idéal pour démarrer, puis arrêter l’application d’un vernis
fluoré, le plus souvent du fluorure de sodium à 5 % à l’aide d’une
petite brosse. Enfin, une étude menée en 2009 a révélé que la
moitié seulement des pédiatres examinait les dents des jeunes
enfants de 2 à 3 ans et que 4 % seulement préconisaient
l’utilisation régulière d’un gel fluoré.
Dans le but d’actualiser ses précédentes recommandations
datant de 2014, l’US Preventive Services Task Force (USPSTF)
a conduit une revue systématique sur le dépistage et la prévention
des caries chez les enfants de moins de 5 ans, d’âge pré scolaire
par les médecins de soins primaires (généralistes), ce qui ne
signifie évidemment pas que toute prévention doit être abandonnée
après cette date.
Bienfaits du fluor
L’efficacité des mesures préventives a été évaluée dans 15
essais (2 de bonne qualité et le reste de qualité moyenne). Le
nombre total de participants s’élevait à 9 541, l’âge moyen variant
de 1 à 5 ans. Quatorze d’entre eux ciblaient des enfants à haut
risque de caries dentaires. Parmi eux, 5, dont un randomisé, a
comparé l’impact d’une supplémentation alimentaire en fluor,
vs une non supplémentation, en cas de taux inférieur à 0,6
ppm. Il en ressort que l’apport de fluor entraîne une diminution
nette de l’incidence des caries, le pourcentage de réduction allant
de 48 à 72 % sur les dents primaires et entre 51 et 88 % pour les
surfaces dentaires. A noter qu’il n’y a pas eu d’études dans les
zones géographiques où la fluorisation de l’eau de boisson était
considérée comme satisfaisante.
L’USPSTF n’a pu retrouver que des preuves limitées sur
l’intérêt des mesures d’éducation en prophylaxie dentaire, une
seule étude à faible échantillon (n= 104) ayant démontré que de
telles pratiques étaient associées à une moindre incidence des
caries chez le jeune enfant.
Le danger, sous supplémentation, d’une fluorose sévère est peu
fréquent. Elle se traduit par un trouble de la coloration et un
aspect rugueux de la surface de l’émail. Sa prévalence est estimée
à moins de 2 %. Elle est liée au mécanisme propre de protection par
le fluor, le fluorure systémique s’incorporant dans les structures
dentaires durant leur formation, rendant la couche superficielle de
l’émail plus résistante.
Dr Pierre Margent