
L’HPV (Human Papilloma Virus) est le facteur nécessaire, bien que non suffisant, à la genèse de lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus. Le test HPV a une très bonne sensibilité dans la détection de ces lésions précancéreuses et le cancer du col utérin, l’identification d’HPV à haut risque représentant par ailleurs une approche possible en terme de prévention. Cependant l’intérêt du test viral dans le dépistage primaire est toujours en cours d’évaluation.
L’étude ARTISTIC a comparé les performances de la combinaison cytologie en suspension liquide + test HPV à celles de la seule cytologie en suspension liquide (LBC) au cours de deux « rounds » de dépistage (2001-2003 et 2004-2007) chez 24 510 femmes, âgées de 20 à 64 ans participant au programme de dépistage national du cancer du col utérin ; 18 386 femmes ont été assignées au hasard dans le groupe LBC seule et 6 124 dans le groupe LBC-test HPV. Au cours de la première phase, un CIN3+ (Cervical Intraepithelial Neoplasia) a été détecté chez 1,27 % des femmes du groupe LBC-test HPV et 1,31 % des femmes du groupe LBC seule (OR 0,97 ; IC 95 % : 0,75-1,25 ; p>0,2). La proportion des CIN3+ détectés lors de la deuxième phase a fortement diminué dans les deux groupes : 0,25 % dans le groupe LBC et 0,47 % dans le groupe LBC-test HPV (OR 0,53 ; IC 95% : 0,30–0,96; p=0,042). La baisse du taux de détection de CIN2+ et CIN3+ dans le groupe LBC-test HPV lors de la deuxième phase était statistiquement significative par rapport au groupe LBC seule. Cependant, l’analyse de la combinaison des résultats des périodes 1 et 2 montre que LBC + test HPV n’a pas détecté significativement plus de CIN2+ ou CIN3+ que LBC seule. La proportion des femmes présentant des CIN3+ était de 1,51 % pour le groupe LBC seule et 1,77 % pour le groupe LBC- test HPV pour les deux phases de dépistage combinées.
Le test HPV pourrait permettre un dépistage plus précoce des CIN2-3 et la très forte valeur prédictive négative du test HPV pourrait permettre d’espacer en toute sécurité l’intervalle entre deux dépistages.
L’étude ARTISTIC va être prolongée avec un troisième « round » de dépistage pour déterminer si le recours au test HPV permet d’allonger les intervalles entre les dépistages puisque la négativité d’un test HPV est associée à une durée de protection plus longue (par rapport à un résultat de LBC négatif). Les programmes de dépistage utilisant le test HPV pourraient être avantageux si les intervalles entre deux dépistages pouvaient êtres augmentés en toute sécurité.
Dr Viola Polena