Dépression et détérioration cognitive du sujet âgé : le poids du présent et du passé

« Toute vieillesse est un naufrage » estimait le Général de Gaulle. Caricatural et désabusé, ce propos dénonce l’altération des capacités physiques et psychiques avec le vieillissement. Pour le praticien, ce pessimisme n’est certes pas de rigueur, et il convient de développer des stratégies préventives pour réduire la fréquence des épisodes dépressifs chez les sujets âgés. Cela implique notamment d’identifier des facteurs de risque pour la dépression, comme un handicap, l’isolement social, des affections somatiques chroniques ou des symptômes dépressifs (communs chez les personnes âgées avec déficience cognitive légère), mais tous les sujets présentant ces facteurs de risque ne vont pas souffrir d’un état dépressif.

Si divers facteurs de risque concourent à cette évolution vers une dépression, les études épidémiologiques n’ont pourtant pas mis en évidence une corrélation précise entre la dépression et une trajectoire de vie marquée par le stress. Bien que des événements stressants dans la biographie ne constituent pas des critères réellement prédictifs d’une dépression, certaines formes de cette affection (les dépressions réactionnelles) passent cependant pour des réponses à un environnement hostile, et le stress semble lié à des problèmes de mémoire, fréquents dans la dépression du troisième âge.

On constate ainsi que la survenue d’événements stressants dans les trois années précédentes se trouve associée à une accélération du déclin intellectuel, mais seulement chez les sujets avec déficience cognitive légère. Chez ces patients, un niveau élevé de cortisol (critère prédictif d’une atrophie de l’hippocampe et de déficits mnésiques) est paradoxalement associé à une diminution du risque de déclin cognitif. Ce résultat inattendu s’interprète en considérant que les processus physiopathologiques sous-tendant la déficience cognitive légère peuvent limiter l’impact négatif du cortisol sur l’hippocampe et sur la mémoire, bien que des taux plus élevés de cortisol puissent être finalement associés à une altération de la mémoire, elle-même susceptible d’évoluer vers une maladie d’Alzheimer.

Dr Alain Cohen

Référence
Taylor WD : Risk for depression and cognitive deterioration in older individuals : the important role of past and present environmental influences. Am J Psychiatry 2009 ; 166-12 : 1312–1314.

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