Dérèglement précoce du GPS cérébral dans la maladie d’Alzheimer

Les difficultés à se repérer et à retrouver son domicile peuvent rapidement perturber la vie du patient Alzheimer et le confiner au domicile renforçant l’isolement de celui-ci et de son conjoint. Les circuits cérébraux impliqués dans la repérage spatial sont actuellement bien connus. On distingue deux stratégies cognitives intervenant dans la mémoire des trajets : la mémoire kinesthésique (égocentrique) des trajets parcourus (mouvements du corps associés à des indices visuels, etc.), et la mémoire de type cartographique (allocentrique). Ces différentes stratégies cognitives font intervenir des systèmes cérébraux à la fois communs et distincts. Un circuit pariéto-frontal et le gyrus  parahippocampique sont associés aux stratégies de type égocentré tandis que l'hippocampe et le cortex  pariétal sont associés aux aspects allocentrés. Ces deux stratégies sont complémentaires. La connaissance spatiale d'un environnement évolue au cours de l'apprentissage, permettant de passer de la stratégie de route (mécanismes égocentrés) à une stratégie de survol (représentation allocentrée).

Dans la maladie d’Alzheimer (MA), le dysfonctionnement neuronal apparaît précocement dans les structures para hippocampiques, hippocampiques et pariétales expliquant ainsi les troubles observés. Mais les perturbations de la mémoire des trajets n’avaient  pas réellement été caractérisées chez les patients notamment en raison de l’absence de tests neuropsychologiques adaptés.

Une équipe américaine vient de publier dans Neurology les résultats d’une étude réalisée chez 10 patients avec une MA ,12 avec un MCI (mild cognitive impairment) et 21 contrôles. Ils ont étudié la navigation spatiale au cours d’une expérience originale consistant à déplacer les sujets sur un fauteuil dans un parcours comprenant 6 virages et de nombreux repères visuels. Dix pour cent des sujets contrôles ont fait des erreurs alors que 25 % des sujets MCI et 50 % des patients MA se sont trompés. L’étude volumétrique a montré que les patients qui se perdaient le plus avaient une diminution du volume des aires pariétales et de la partie temporale postérieure droite. Pour ces auteurs, cette étude démontre l’existence d’un trouble précoce de la cognition spatiale dans la MA en rapport avec une atrophie des structures droites impliquées dans la navigation.

Dr Christian Geny

Références
deIpolyi AR et coll. : “Spatial cognition and the human
navigation network in AD and MCI.” Neurology 2007;69:986–997

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