Déréglementation : les convictions de M. E. Leclerc face à celles d'Isabelle Adenot

Paris, le mardi 9 septembre 2014-Pendant que les consultations des opposants à la réforme de la déréglementation de la pharmacie se poursuivent au ministère de la Santé, Michel-Edouard Leclerc invité de l’émission « le Club de presse » sur Europe 1 (jeudi 4 septembre) et « Service Public » sur France Inter (lundi 8 septembre) » (1,2) réitère ses convictions sur l’intérêt de la déréglementation et livre ses différents projets « Santé ».

Des prix moins élevés ?

Selon Michel-Edouard Leclerc, il n’y a aucun doute l’ouverture à la concurrence du monopole des pharmacies concernant les médicaments permettrait « de vendre des médicaments 25 % moins chers que la moyenne des prix d’officine en France. » Cet avis est partagé par Mathieu Escot  (Responsable adjoint des études à UFC Que Choisir) qui se base sur l’exemple italien et précise que « La concurrence en respectant la spécificité de chaque métier permet de baisser les prix et de monter le niveau de service ». Pour sa part, E. Leclerc s’est notamment appuyé sur l’exemple récent des tests de grossesse dont les prix ont chuté après l’autorisation de vente en GMS. « Des officines proposent désormais de tels produits à moins de 1 euro » a-t-il ainsi indiqué. En oubliant toutefois de préciser que les centres E. Leclerc, après avoir annoncé à grand renforts de publicité, des tests de grossesse à 1 euro, en proposent désormais à plus de 8 euros … 

Un combat perdu d’avance

Autre certitude de M. E. Leclerc, la lutte pour conserver la dispensation des médicaments est déjà perdue par les pharmaciens. « Ces évolutions vont avoir lieu (...) Pourquoi un gouvernement qui a autorisé le médicament sur Internet ne l’autorise pas dans un espace réservé chez Leclerc ? ». Les discussions qu’il a pu avoir sur ces questions avec Emmanuel Macron, le nouveau ministre de l’économie « qu’il a trouvé très ouvert », « le rendent plutôt confiant ».

Vendre moins cher en préservant la qualité

M. E. Leclerc rappelle que s’il est autorisé à vendre des médicaments, cela se ferait dans un espace dédié spécifiquement et toujours sous la responsabilité d’un docteur en pharmacie dûment diplômé. Ces pharmaciens salariés feraient le même travail qu’en officine mais en vendant moins cher. Non sans humour (ou provocation), il a même proposé à Isabelle Adenot  (Présidente du Conseil de l'Ordre National des Pharmaciens) sur France Inter la création d’une section de l’Ordre des pharmaciens qui pourraient regrouper les salariés de la grande distribution.
Il pourrait également y avoir, selon lui, des pharmaciens d’officine, qui exercent aujourd’hui, souhaitant travailler sous l’enseigne Leclerc. « Ce sont des personnes qui ont envie de dynamiser leur officine et cherchent une relation au consommateur qui ne soit pas cette image ancienne de l’officine ».

La riposte d'Isabelle Adenot

M. E. Leclerc souhaiterait aller plus loin en vendant également des médicaments de prescription obligatoire. Et, pourquoi pas, si la loi lui en donne la possibilité de créer des centres de Santé sous sa marque ?

Mais, pour Isabelle Adenot, un pharmacien qui perd son enseigne croix verte, quitte le système de santé, s’éloigne des autres professionnels, et ne sera plus en mesure de proposer ce lien de proximité pour la santé et les patients. Contrairement à ce que dénonce M. E. Leclerc, elle a réaffirmé que « le modèle humain qui permet une relation de confiance et de proximité, tel qu’il existe aujourd’hui, est un modèle résolument moderne ». 

Isabelle Birden

Références
1) Europe Soir – « Le club de la presse » par Nicolas Poincaré avec Michel-Edouard Leclerc (Co-président des Centres Leclerc). Jeudi 4 septembre 2014.
2) Service public par Guillaume Emer « Le monopole des pharmaciens nous rend-il malade ? » avec Michel-Edouard Leclerc (Président des centres E.Leclerc), Isabelle Adenot (Présidente du Conseil de l'Ordre National des Pharmaciens), Mathieu Escot (Responsable adjoint des études à UFC Que Choisir. Lundi 8 septembre 2014.

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Vos réactions (10)

  • Le but de Leclerc n'est pas de faire faire des économies à la Sécurité sociale

    Le 09 septembre 2014

    Et pourquoi pas des centres de soins sous son enseigne ?
    Cela ferait peut-être baisser les prix des hospitalisations...à moins que ça n'augmente la consommation, le but de Leclerc n'étant pas de faire faire des économies à la Sécurité sociale mais d'augmenter ses dividendes.
    Le risque est bien réel, primes de performances à l'appui d'accroître la surmédicalisation.
    Croyez-vous qu'un pharmacien à blouse Leclerc s'il vend des médicaments sous prescription fera la chasse au gaspillage, que son conseil sera éclairé, son intérêt sera évidemment de vendre le plus possible, les grandes surfaces étant obligées de redistribuer des primes de performance...

    Catherine Albertini, Docteure en Pharmacie

  • Méthode Coué

    Le 09 septembre 2014

    Nul besoin de changer la législation pour que des pharmacies soient sous enseigne Leclerc...il suffit de créer le groupement de pharmaciens correspondant ...mais il ne l'a pas fait ! Pourquoi ? Pas assez lucratif peut être ?
    Depuis le temps que Leclerc parle de faire de la pharmacie, il aurait eu le temps de passer son diplôme...mais il ne l'a pas fait ! Au fait, a-t-il seulement son bac ?
    Dire qu'il est le moins cher, haut et fort, tous les jours, dans tous les médias ne veut pas dire qu'il l'est vraiment...mais il le fait ! Encore une chose qu'il a emprunté aux pharmaciens : la méthode Coué...

  • Menteur !

    Le 09 septembre 2014

    Si la situation était aussi paradisiaque en Italie où les Leclerc ont effectivement le droit de vendre des médicaments, pourquoi les ressortissants italiens font parfois des centaines de kilomètres, en regroupant leurs commandes, pour venir acheter dans les officines françaises? Leclerc menteur!
    Je ne connais aucune officine qui vend des tests de grossesse à moins d'un euro, mais je connais beaucoup de magasins Leclerc qui les vendent plus cher que l'officine la plus chère! Leclerc menteur !
    Dottling Thilo

  • Le but de Leclerc est de se substituer à la Sécurité sociale

    Le 09 septembre 2014

    Ils proposent même d’organiser le système de santé en France en demandant la vente des médicaments de prescription médicale obligatoire et l’embauche de médecins salariés (émission Europe1, voir extrait sur site USPO).
    "Le but de Leclerc n'étant pas de faire faire des économies à la Sécurité sociale" mais de se substituer à la Sécurité Sociale en créant des assurances privées comme aux Etats-Unis.
    Quand au 25% de baisse, c'est toujours le même chiffre depuis que cette enseigne a été créée quelque soit le secteur d'activité sans que cela ne ce soit jamais vérifié dans les faits.

  • Chacun son métier !

    Le 14 septembre 2014

    Mr Leclerc, et si nous vendiez des fruits et des légumes de qualité ayant du goût, avant d'essayer de nous vendre des médocs !

    Dr Léon lefebvre

  • Ordre des grandes surfaces

    Le 14 septembre 2014

    On pourrait proposer la création d un ordre du commerce des grandes surfaces pour vérifier le comportement par rapport aux fournisseurs.
    Dr JM Reinbold

  • Approbation

    Le 15 septembre 2014

    Ce que dit Dottling Thilo est bien vrai et je suis bien placé pour le dire car je suis pharmacien à Chamonix...

  • Des "conseils" souvent orientés par la marge

    Le 15 septembre 2014

    Que certains pharmaciens cessent de se comporter comme les épiciers alors peut-être les épiciers cesseront de vouloir devenir pharmaciens : les "conseils" sont souvent orientés par la marge réalisée sur tel ou tel traitement ou produit et les têtes de gondole des pharmacies n'ont souvent pas grand chose à envier à la grande distribution.
    Non au médicament en grande surface mais sous réserve d'officines dignes de leur fonction originelle.

    Dr Eric Mevellec

  • Faire et défaire c'est toujours gouverner

    Le 20 septembre 2014

    Comment la GMS qui vend de la viande aux colibacilles, du fromage à la listéria, des lasagnes à la viande de cheval tuberculeux peut-elle prétendre distribuer des médicaments sans nuire à la santé publique.
    Comment Leclerc à Kermené qui transforme frauduleusement de la vache laitière réformée en race à viande pour augmenter ses profits peut-il prétendre défendre le pouvoir d’achat.
    Comment un gouvernement manipulé peut-il justifier, dans un pays qui voit croitre les déserts médicaux, qu’il s'apprête à sacrifier les derniers professionnels de santé de proximité pour satisfaire les appétits capitalistes des bailleurs de leurs fonds de campagne.
    Ils veulent également instaurer la liberté d'installation pour les pharmaciens, or c’est cette liberté qui a créé l'énorme disparité de répartition de nos médecins sur le territoire et son corollaire actuel les déserts médicaux par le départ à la retraite de médecins non remplacés. Aujourd'hui un jeune médecin préfère être Cahuzac ou Aquillino Morelle que médecin de campagne, or ses études ont été payées par les contribuables et il devrait être soumis à certains devoirs.
    Si on nous répond que ce projet est incontournable car il correspond à une directive européenne, cela équivaut à offrir le vote de tous les pharmaciens et de leurs employés au seul parti qui promet de sortir de l’Europe : Le Front National. J’ai du mal à comprendre cette stratégie à long terme, mais a-t-on jamais vu un homme politique réfléchir au-delà de sa propre carrière et aujourd’hui elles sont courtes voire météoritiques.
    Après avoir détruit le commerce de proximité, l'agriculture paysanne, l'industrie, la famille, la morale et l'éducation, nos incapables politiques s'apprêtent à détruire notre réseau de santé compétent au maillage dense et continu.
    Aujourd’hui on casse sans réfléchir, demain on cherchera des fonds pour reconstruire : Les cons ça ose tout c'est à ça qu'on les reconnait (Audiard).

    Hervé Guillon

  • Attention, amis médecins

    Le 23 septembre 2014

    Après les médicaments, les GMS Leclerc essaieront d'installer des centres de Santé avec médecins, infirmiers et dentistes, puis les kinés etc.dans leurs magasins. Le but est bien de mettre la main sur le pactole financier du domaine de la santé. Il ne faut jamais oublier que les expériences sont d'abord faites sur la profession de pharmacien, puis peu à peu on l'étend aux autres professions de santé. Attention, amis médecins, il vous est demandé de faire le tiers payant et ensuite ? La riposte devrait être l'union des professions de santé (car la finalité est la même "soigner un malade") face à ceux qui veulent s'approprier les revenus de la santé.

    Alain Carsin

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