
Paris, le vendredi 9 décembre 2016 – Technique de stérilisation alternative à la ligature des trompes, les micro-implants Essure sont disponibles sur le marché européen depuis 2002. En France, quelques 120 000 femmes auraient eu recours à cette méthode. Le dispositif est l’objet d’une surveillance renforcée depuis plusieurs mois. Les signalements d’effets secondaires ont en effet progressé, passant d’une quarantaine au début des années 2010 à plus de 200 en 2015. Une enquête a donc été diligentée par les autorités sanitaires en juillet 2015. Ses résultats ont mis en évidence que les effets secondaires rapportés paraissent être le plus certainement associés à la pose de l’implant et non au dispositif en lui-même, comme le rappelle le ministère de la Santé dans un communiqué. Néanmoins, si le rapport bénéfice/risque d’Essure ne paraît aujourd’hui pas remis en cause, une étude épidémiologique est actuellement conduite par l’ANSM afin d’évaluer l’efficacité et la sécurité du système par rapport à la ligature des trompes. Les résultats devraient être connus au premier trimestre 2017.
Des professionnels et des patientes dûment informés
Parallèlement, de nombreuses dispositions ont été prises pour renforcer l’information des professionnels de santé et des patientes. Elles sont détaillées par le ministère de la Santé. Des critères d’encadrement de la pose de l’implant ont ainsi été élaborées durant l’automne 2015 par la Haute Autorité de Santé, l’ANSM, le ministère de la santé et les sociétés savantes. Ces bonnes pratiques ont été l’objet d’un arrêté, afin de renforcer leur mise en œuvre. Elles concernent « la formation des professionnels de santé (…) et les conditions techniques ». Par ailleurs, la réalisation de ce geste n’est réservée qu’à certains établissements. Ces règles ont été rappelées récemment par un courrier adressé aux praticiens par le Collège national des gynécologues français (CNGOF). Concernant l’information des patientes, une notice réclamée par l’ANSM, leur est désormais systématiquement remise.
Enième scandale de santé publique ?
Cette vigilance marquée n’empêche pas aujourd’hui plusieurs patientes de se retourner vers la justice. Les actions de ce type ont déjà été engagées à l’étranger, notamment aux Etats-Unis. En France, ce sont pour l’heure deux femmes, dont Marielle Klein fondatrice d’une association et à l’origine d’une pétition ayant recueilli 2 000 signatures, qui ont décidé d’intenter une action contre les laboratoires Bayer. Alors que selon ces deux plaignantes et leur avocat Maître Joseph Oudin d’autres femmes pourraient rejoindre leur cause, les effets secondaires déplorés pourraient en raison de leur nature et de leur diversité être difficiles à relier au dispositif Essure en lui-même (de l’inflammation intestinale à la sinusite en passant par des palpitations cardiaques). L’avocat en est conscient qui pour France Tv Info explique que l’action en référé a pour objet de « déterminer si les violents effets secondaires subis par ses clientes sont bien liés à la pose de ces implants Essure et d’obtenir réparation le cas échéant ». Mais dans les colonnes du Parisien, il se fait bien plus virulent en affirmant que l’on est face à un nouveau scandale de santé publique. A moins qu’il ne s’agisse d’un énième fiasco juridico-médical, en raison de l’impossible imputabilité de certains « effets » jugés liés à un produit.
Aurélie Haroche