
L’équipe de Walter et coll. a sélectionné 15 volontaires sains pour une étude randomisée contrôlée versus placébo en double aveugle. Les sujets recevaient la dose de THC utilisée en thérapeutique (20 mg) ou le placébo, puis c’était l’inverse après une période de washout de 4 semaines (cross-over). L’odorat était évalué avant la prise et deux heures après, au moment où l’effet du THC est supposé maximal.
Afin d’évaluer l’odorat, le test « Sniffin’ Sticks » a été utilisé, lequel évalue trois critères : le seuil de détection, la capacité de discrimination et celle d’identification d’une odeur à l’aide de stylos parfumés. La somme des trois composantes donne le score global dit « score TDI ».
Les résultats montrent une diminution significative du « seuil » de détection de 10,1 à 7,5 points (p < 0,028) et de la capacité de « discrimination » de 13,3 à 10,1 pts (p < 0,006) par rapport au placebo. La composante « identification » n’est pas sensiblement modifiée. Au total, le score TDI diminue de 37,7 à 32,2 (p < 0,003). La baisse du score TDI n’était pas influencée par la survenue d’autres évènements (somnolence, nausées) selon le test de corrélation de Spearman.
La diminution de 5,5 points en moyenne du score TDI chez les sujets traités par une dose de 20 mg par rapport au placebo correspond à une altération clinique des fonctions olfactives selon les référentiels. Ces résultats indiquent une probable action du THC sur la perception et l’évaluation des stimuli olfactifs ainsi que sur la mémoire sémantique.
Une dose de 20 mg de THC aboutit à des concentrations plasmatiques dix fois moindres que celles obtenues après l’inhalation de fumée de cannabis. En revanche, les doses de THC oréxigènes et anti-nauséeuses utilisées en thérapeutique sont plus faibles (2,5 à 5 mg) et indiquent une probable activité pharmacologique dose-dépendante. Enfin la contradiction entre ces résultats et ceux observées chez la Souris peuvent s’expliquer par les différentes localisations d’expression des récepteurs cannabinoïdes (dans le bulbe olfactif chez la Souris et pas chez l’Homme). Si les résultats de cette étude sont confirmés, ils devront être pris en compte chez les patients traités par THC pour des douleurs neuropathiques comme un potentiel effet secondaire pouvant impacter sur la qualité de vie.
Florian Slimano