Les cancers du sein (KS) sont moins fréquents chez les femmes noires que chez les femmes blanches, mais leur évolution est plus péjorative. Ceci reste vrai, même si l’on raisonne sur des stades identiques au moment du diagnostic, et cette inégalité augmente avec le temps ; ainsi la survie relative des KS métastasés (KSM) à 5 ans est de 28 et 16 % chez les femmes blanches et noires. Pour comprendre ce phénomène, les auteurs ont réalisé un essai clinique standardisé, chez des malades recrutées à un moment où l’incurabilité est sans appel.
L’étude a inclus 787 femmes blanches et 195 noires porteuses de KSM traitées par taxane. Les 2 groupes étaient comparables, mais, lors du traitement de 1ère ligne, les Noires étaient plus jeunes, plus souvent non ménopausées, avec moins de récepteurs œstrogèniques (RO) positifs. Leur taux initial d’hémoglobine était inférieur alors qu’elles avaient plus de plaquettes.
La médiane de survie chez les patientes noires a été de 14 mois (19 pour les Blanches) avec un échappement au traitement plus rapide, ce qui équivaut à un risque majoré de décès plus précoce de 37 % et d’échec du traitement de 17 %, alors que la réponse objective de la tumeur au traitement était identique dans les 2 groupes (30 %).
Après ajustement en fonction de tous les facteurs (âge, statut hormonal, etc.), on constate que les femmes noires meurent toujours plus précocement que les blanches, mais la différence est moindre (24 % au lieu de 37 %), la responsabilité des RO, de l’âge, du taux de plaquettes entrant alors en compte.
Enfin, la toxicité du taxane varie aussi selon l’ethnie, les femmes noires étant plus exposées à développer une anémie, une neutropénie, voire une thrombopénie de grade 3 ou plus, alors que les femmes blanches sont un peu plus sujettes aux lymphocytopénies de grade 3 ou plus.
Avec le même protocole thérapeutique, les femmes noires porteuses de cancer du sein métastasé ont donc une survie moindre que leurs congénères blanches. Il est probable que des pathologies associées et des différences dans les récepteurs hormonaux sont à l’origine de ces inégalités.
Dr Jean-Fred Warlin