
Lagos, le jeudi 14 août 2014 - Avec 12 cas dont 3 décès, la situation épidémique du Nigéria, pays le plus peuplé d’Afrique, inquiète les experts. Pour le Dr Eric Leroy, Directeur Général du Centre International de Recherches Médicales de Franceville (CIRMF) au Gabon, interrogé par le Nouvel Observateur, l’arrivée du virus à Lagos, pourrait être une catastrophe.
Plusieurs dizaines de milliers de morts
Il déclare ainsi : « imaginez un foyer qui se développe dans une mégapole comme Lagos. Là, ce ne sera pas un millier de morts qu'on aura, mais plusieurs dizaines de milliers de décès (…) On a donc une justification claire pour se lancer dans le développement à grande échelle de traitements préventifs et curatifs » rejoignant en cela l'avis de l'OMS qui s'est déclarée favorable à l'utilisation de traitements expérimentaux.
Pour le spécialiste, une épidémie envahissant Lagos est un scénario du pire tout à fait possible : « Car il y a déjà eu plusieurs cas qui sont arrivés sur Lagos en provenance du Libéria ou de Sierra Leone. Mais les personnes qui avaient déclaré les symptômes ont été rapidement prises en charge par les équipes médicales et isolées. Les patients infectés n'ont donc pas eu le temps de transmettre le virus.[…] Le risque est plus important si d'autres malades ont rejoint cette mégapole sans que personne ne soit au courant. Dans ce cas, le virus peut potentiellement être disséminé un peu partout ».
Barrières culturelles
Comme nous l’expliquions hier (lien JIM), la situation d’une large épidémie d’Ebola à Lagos pourrait être d’autant plus ravageuse que les professionnels se heurtent à la défiance des malades et à des barrières culturelles ancestrales : « les populations locales n'ont pas vraiment adhéré aux mesures qui doivent être appliquées sur le terrain. Le virus se transmet de personne à personne par des contacts physiques. Là-bas, certaines familles ont continué à soigner eux mêmes leurs malades. Elles ont donc parfois dissimulé les personnes contaminées. De plus, il y a dans ces pays une tradition d'exposer le corps au moment du décès. Et avant de l'enterrer, certaines personnes ont pour habitude de toucher le corps. Ce qui explique pourquoi des foyers ont éclaté à droite et à gauche, comme en Afrique de l'Ouest » explique ainsi le docteur Leroy.
FH