
Dans une Lettre à l’Éditeur, le Canadian Journal of
Psychiatry compare l’incidence de la pandémie de Covid-19 sur
le « bien-être mental » des personnels de santé, entre une région
du monde très froide (le Québec) et une région très chaude (les
Émirats Arabes Unis où exercent les auteurs).
Cette comparaison est justifiée notamment par le fait que les
Émirats Arabes Unis ont un produit intérieur brut (environ 430
milliards de dollars) et une taille de population (environ 9
millions d’habitants) similaires à ceux du Québec. Le système de
santé des Émirats Arabes Unis est décentralisé comme au Canada,
bien qu’il repose principalement sur l’assurance plutôt que sur un
financement public, et offre des degrés de couverture
variables.
Or les études réalisées au Québec indiquent, chez les
personnels de santé lors de la pandémie, une prévalence maximale
des troubles de santé mentale d’environ 22 % pour le stress
post-traumatique, 30 % pour la dépression et 27 % pour l’anxiété,
des données similaires avec celles collectées dans d’autres régions
du monde.
Et ces mêmes résultats se reflètent dans une récente enquête
transversale, menée à Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis.
Assurer les besoins de soutien psychologique et psychiatrique
Cette recherche suggère qu’au zénith de la première vague de
Covid-19, on recensait 39% des personnels de santé affectés par des
symptômes de dépression, d’anxiété et de stress, pour un tiers
d’entre eux (13 %) de façon sévère. Les auteurs rappellent qu’en
période de crise (comme lors de la surcharge de travail liée à la
pandémie), il est impératif de s’assurer que les personnels de
santé ont eux aussi un accès rapide et efficace aux soins de santé,
et en particulier un soutien psychologique disponible, une question
activement discutée au Québec (et ailleurs). Il est aussi essentiel
de repérer les sujets vulnérables chez ces soignants.
Parmi les outils susceptibles d’aider à identifier les
risques, à détecter les psychopathologies et à proposer des
interventions concrètes, les auteurs citent les lignes d’assistance
téléphonique et les applications mobiles, y compris des
interventions pouvant inclure un soutien psychologique
individualisé (comme un soutien psychologique en ligne, sous
forme de forums ou de groupes de soutien en ligne, voire de
téléconsultations psychologiques ou psychiatriques).
La crise mondiale de la Covid-19 aura ainsi permis, « dans
différentes parties du monde », de mettre en lumière la nécessité
de renforcer les besoins psychologiques et psychiatriques des
personnels de santé eux-mêmes.
Dr Alain Cohen