
Les patients et parents qui ont subi un évènement indésirable
après des vaccins ont une confiance réduite dans leur sécurité. Les
effets secondaires les plus sévères comme les convulsions et les
réactions anaphylactiques contre-indiquent la continuation du
programme vaccinal mais habituellement les réactions sont
spécifiques d’un vaccin particulier.
Les réactions allergiques immédiates ou retardées comme les
éruptions, l’urticaire, l’œdème de Quincke font craindre des
réactions sévères lors de la poursuite du programme. Les tests
cutanés sont un moyen important pour dépister les réactions
immédiates mais leur utilisation n’est pas standardisée et des
résultats faussement positifs ou négatifs peuvent être
observés.
Des investigateurs réunissant infectiologues, allergologistes
et médecins de santé publique ont développé au Canada un réseau
spécialisé (Canadian Special Immunization Clinic) destiné à
évaluer les évènements indésirables suivant une immunisation
(EISI). Le but était de standardiser le recueil des données des
patients et de développer une approche basée sur des preuves en vue
d’une revaccination.
L’étude prospective dans 13 centres dont 12 en milieu
pédiatrique a été conduite de 2013 à 2019. Les effets indésirables
pris en compte étaient une fièvre ≥ 40,5°, une réaction locale ≥ 10
cm de diamètre, une cellulite, un abcès, une réaction d’Arthus au
site de l’injection, ou des réactions retardées : cris persistants,
manifestations neurologiques, arthralgies, thrombopénie.
Contre-indication dans 4 % des cas
Au total, 844 patients ont été adressés dans les centres, 588
avec 627 EISI ont été retenus dont 570 (91 %) parmi des enfants.
Une revaccination a été recommandée pour 87 % des participants,
décision non connue dans 5 % des cas et contre-indiquée pour 4 % (n
= 24) en raison d’effets secondaires variés : anaphylaxie (n = 8),
hypersensibilité immédiate avec tests cutanés positifs, ou retardée
: nodule au site de l’injection, Guillain-Barré, névrite optique,
encéphalomyélite aiguë disséminée, fièvre et arthrite, anémie
aplasique, purpura rhumatoïde et thrombopénie.
Parmi les sujets ayant eu une nouvelle vaccination, les
résultats en ont été rapportés dans 63 % des cas (299/477) ; 10 %
(31/299) ont eu une récurrence, 14 % parmi les adultes (NS) ;
aucune n’a été sévère. Les taux les plus élevés (20 %) ont été
constatés avec les vaccins antigrippe et anti papillomavirus. Les
réactions les plus notables au site des premières injections
étaient les abcès stériles (n = 16), les nodules (n = 5) et surtout
les grands placards inflammatoires (110/627, 18 %).
Les causes de ceux-ci étaient les vaccins anti grippe
inactivés (51/98, 52 %) et le DTCoq (37/94, 38 %). Ces réactions
ont été récurrentes dans 31 % des cas dont avec le vaccin
antigrippe 13/64 et le DTCoq 5/25 (20 % chaque), moins sévères dans
80 % des cas. Parmi les 92 participants suspects d’allergie
vaccinale qui avaient eu des tests cutanés puis été revaccinés, la
valeur prédictive négative de ces derniers (probabilité de réaction
absente si le test était négatif) était de 96 % (IC
92,5-99,5%)
En conclusion, la plupart des sujets ayant eu des effets
indésirables après une vaccination peuvent être revaccinés. Parmi
ceux suspects d’allergie vaccinale, les tests cutanés peuvent aider
à déterminer la sécurité de la revaccination.
Pr Jean-Jacques Baudon