
La plupart des vaccins nécessitent l’injection de plusieurs
doses pour obtenir la protection optimale. La survenue d’une
réaction indésirable soulève la question de la sécurité d’une
nouvelle injection ou de l’arrêt de l’immunisation. Les données de
la littérature sur le risque de continuer le programme vaccinal
sont rares.
Au Québec, les acteurs de santé sont légalement tenus de
signaler tout évènement indésirable post-vaccination. Des auteurs
du Département de Santé Publique de l’Université Laval ont revu les
signalements concernant des patients qui avaient présenté une
réaction lors de l’immunisation initiale entre 1998 et 2016 et
calculé le taux de récidives « sérieuses » lors d’une
nouvelle administration.
Les données de base concernaient 5 600 patients qui avaient
reçu 6 786 doses du vaccin temporellement associé à l’effet
indésirable. Des informations sur 1 731 patients étaient
disponibles (31 % du total) et 1 350 (78 %) ont été ré-immunisés
dont 59 % (803/1350) avaient moins de 2 ans. Les réactions ont été
classées en bénignes et modérées ou en sévères interrompant les
activités, et sérieuses nécessitant une
hospitalisation.
Sans risque en cas de première réaction bénigne ou modérée
Une récidive de l’effet a été observée pour 215/1 350 (16 %)
dont 42/215 (18 %) ont eu une réaction plus sévère que la réaction
initiale. Les sujets de moins de 2 ans avaient un risque moindre
(12 %) que ceux de de 2 à 17 ans (23 %) et plus âgés (29 %, P <
0,001) ; chez ces moins de 2 ans, les réactions allergiques étaient
les plus fréquentes (659/1 350, 49 %). Les enfants avec une
réaction sérieuse ont été moins souvent ré-immunisés (60 %) que
ceux avec une réaction moins grave (80 %). Une réaction locale
étendue au-delà de l’articulation la plus proche et durant au moins
4 jours a eu le taux de récidive le plus élevé (6/9, 67 %). Les
enfants avec un épisode d’hypotonie, hypo-réactivité avaient le
taux le plus bas (1/50, 2 %). Les réactions allergiques ont
récidivé 76 fois sur 659 (12 %) mais aucun patient n’a eu
d’anaphylaxie. Parmi 33 enfants qui avaient souffert de convulsions
à la suite de l’injection de vaccin rougeole, oreillons, rubéole
aucune récidive n’a été observée.
Pr Jean-Jacques Baudon