En France, le premier confinement aurait évité 3500 morts liés à la pollution de l’air

Paris, le jeudi 15 avril 2021 – Selon un rapport de Santé Publique France publié ce mercredi, la diminution de la pollution atmosphérique conséquence du premier confinement aurait sauvé la vie de 3 500 personnes.

Les confinements et autres mesures sanitaires que subissent notre pays depuis mars 2020 ont évidemment avant tout pour but de freiner l’épidémie de Covid-19. Mais ce ne sont pas leurs seuls effets bénéfiques. Les confinements ont sans surprise provoqué une baisse de la mortalité liée aux autres maladies infectieuses transmissibles et aux accidents mais aussi à la pollution de l’air. C’est la conclusion que tire Santé Publique France (SPF) dans un rapport publié ce mercredi dans le cadre de son programme « Air et Santé ».

SPF veut tirer les leçons du premier confinement

Selon SPF, la diminution de la pollution atmosphérique liée au ralentissement de l’activité et de la circulation automobile lors du premier confinement du printemps 2020 aurait sauvé au total 3 500 personnes. Dans le détail, 2 300 vies auraient été épargnées par la baisse du taux de particules fines (PM2,5), qui sont liés à diverses activités dont le chauffage et 1 200 vies par la diminution des taux de dioxyde d’azote (NO2) dans l’atmosphère liée principalement à la circulation automobile. Cette baisse de la mortalité estimée par SPF serait la conséquence conjuguée d’effets à court et long terme. A court terme diminution de la pollution atmosphérique et donc du risque de décompensation de pathologies respiratoires préexistantes. A long terme, moindre prévalence de pathologies mortelles liées à la pollution dans les années à venir.

D’après les experts de SPF, « ces résultats montrent qu’une action volontariste sur la réduction des polluants dans l’air se traduit par une diminution sensible de l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé ». S’il n’est évidemment pas question à l’avenir de confiner la population dans le seul but de diminuer la pollution atmosphérique, SPF estime qu’il est possible de tirer les enseignements du premier confinement en favorisant la baisse du trafic routier dans les zones urbaines (via la promotion du télétravail ou la modification des modes de déplacement) et la diminution des émissions industrielles.

40 000 morts par an…ou peut-être 100 000

Dans le cadre de ce rapport, les scientifiques de SPF ont également procédé à une nouvelle évaluation de la mortalité « habituelle » liée à la pollution atmosphérique, les derniers calculs datant de 2007/2008. SPF conclut à une baisse de la mortalité, sans doute liée aux diverses actions menés ces dernières années pour faire diminuer la pollution atmosphérique. Ainsi, la seule pollution aux particules fines aurait été responsable de 48 000 morts annuels en 2007/2008 contre 40 000 sur la période 2016-2019. La pollution atmosphérique compterait ainsi pour environ 7,5 % de la mortalité en France.

Estimer la mortalité liée à la pollution de l’air est, on le sait, cependant extrêmement difficile en raison notamment des multiples facteurs de confusion qui peuvent interférer avec les évaluations. Selon Sylvia Medina, coordinatrice du programme Air et Santé, ces calculs de SPF sont basés sur une modélisation de la concentration de polluants dans l’air réalisé par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et sur des études épidémiologiques « qui établissent un lien de causalité entre polluant et mortalité ». Mais en se basant sur d’autres données, l’université américaine d’Harvard avait évalué à 100 000 le nombre de morts dus à la pollution atmosphérique chaque année en France.

« Nos résultats ne sont pas contradictoires avec ceux d’Harvard, ils résultent de choix méthodologiques différents » explique Sylvia Medina. De quoi relativiser cependant la portée de ces différentes études sur la mortalité liée à la pollution de l’air.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (2)

  • Molière

    Le 15 avril 2021

    Décidément la science est une chose admirable...

    Dr Raoul Harf

  • Syndémie polluée

    Le 16 avril 2021

    La COVID19 étant en fait une syndémie, il nous faut raisonner de manière globale. Nous ne sommes pas tous égaux devant les affections respiratoires. Parmi les points notoires, on peut citer le taux de vitamine D, variable selon l'âge, l'alimentation, la couleur de peau. Malgré la diminution générale de la pollution, il est resté des zones plus polluées que d'autres, et elles ont concentré les cas et les décès attribués à la coronavirose. On voit bien la différence entre les moitiés est et ouest de la France sur la carte publiée le 13 avril par Santé Publique France.

    JP Moreau, biologiste en retraite

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