En octobre, une révolution ? Non une refondation !

Paris, le jeudi 22 septembre 2022 – Le volet santé du Conseil national de la refondation sera lancé le 3 octobre prochain a annoncé le ministre de la Santé.

On l’évoquait depuis plusieurs semaines sous le nom de « conférence des parties prenantes ». La grande consultation qui doit permettre de remettre à plat le système de santé portera finalement le nom de « CNR santé », en tant que partie intégrante du Conseil national de la refondation (CNR) chère au Président de la République et s’ouvrira le 3 octobre prochain, a annoncé ce dimanche le ministre de la Santé François Braun.

Ce CNR santé, qui doit incarner un « changement de méthode » selon les termes d’Emmanuel Macron pour qui la santé est un « chantier prioritaire », se décomposera en trois parties.

Le premier volet, qui durera jusqu’au printemps 2023, consistera en une consultation de tous les grands acteurs institutionnels (syndicats de médecins, directions d’hôpitaux, administrations…) et permettra d’évoquer les grandes questions transversales, telles que la liberté d’installation ou le manque de soignants à l’hôpital.

Le deuxième volet, durant le printemps et l’été 2023 consistera en « des réunions territoriales sous la houlette des pilotes départementaux des agences régionales de santé, en lien avec les préfets et les élus » a annoncé le ministre. Enfin, la fin de l’année 2023 sera consacrée à une « consultation citoyenne numérique » ouverte le plus largement possible aux Français.

Le budget, le nerf de la guerre


L’objectif affiché par le ministère de la Santé est clair : réformer et sauver un système de santé « à bout de souffle » selon les termes du Dr François Braun, dont les importantes difficultés structurelles ont éclaté au grand jour durant la pandémie de Covid-19 et la crise des urgences cet été. Emmanuel Macron a ainsi assuré que « le défi de l’accès aux soins » serait « au cœur de l’enjeu » tandis que François Braun estime que « l’intensification de la lutte contre les déserts médicaux compte parmi les priorités » de la future consultation.

Voilà donc pour les intentions affichées. Mais la bonne volonté de l’exécutif risque rapidement de se heurter au mur des réalités et des nombreux obstacles que le CNR santé devra franchir. Il y a tout d’abord la question, ô combien épineuse et importante, du budget. Redonner de l’attractivité à l’hôpital et à la médecine libérale ne se fera pas sans des investissements importants.

Le Syndicat des médecins libéraux (SML) demande 10 milliards d’euros de plus pour la médecine libérale en 5 ans, la Fédération Hospitalière de France (FHF) une hausse de l’ONDAM de 4 à 5 % dès 2023. Mais l’action de François Braun doit s’inscrire dans l’objectif plus global fixé par Emmanuel Macron d’une réduction de la dette publique à l’horizon 2027. « On est en train de rechercher cet équilibre, sur une ligne de crête, avec des gouffres de chaque côté ».

La contrainte à l’installation, la ligne rouge des syndicats de médecins libéraux


Les débats risquent également d’être ralentis par la tendance des syndicats (et c’est bien là leur rôle) à défendre les acquis et prérogatives de leurs professions. Pour les syndicats de médecins libéraux, il s’agira notamment d’éviter à tout prix toute atteinte à la liberté d’installation. François Braun s’est déjà dit plutôt opposé à la mise en place de contraintes à l’installation, tout en assurant que ce débat sera organisé sans tabou et que toutes les questions seront sur la table.

Avec les syndicats hospitaliers, les premiers échanges devraient porter sur la nécessité de pérenniser ou non certaines mesures de la mission flash mises en place cet été pour éviter la saturation des services d’urgences.

L’une des craintes des participants de cette future concertation est que la montagne n’accouche d’une souris, ou plutôt d’un énième rapport dont les préconisations ne seront pas suivies d’effet et dont les tiroirs des ministères sont remplis. D’autant plus que le CNR Santé risque, à ses débuts du moins, d’entrer en collision avec deux autres débats : celui sur le budget de la Sécurité sociale, qui sera discuté au Parlement à partir d’octobre mais aussi et surtout les négociations autour de la future convention médicale, prévues pour durer jusqu’en mars.

« Il peut y avoir des passerelles bâties d’un rendez-vous à l’autre ou des thématiques qui rebondissent de l’un à l’autre » estime, optimiste le Dr Claude Pigement, ancien expert santé du Parti Socialiste.  

Ce CNR Santé ne sera-t-il donc qu’une énième consultation sans lendemain ? Ou permettra-t-il véritablement de lancer une réforme en profondeur de notre système de santé, « en partant du terrain et en faisant du sur-mesure » comme l’espère le ministre ? Premiers éléments de réponse le 3 octobre.

Quentin Haroche

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (2)

  • On prend les mêmes et on recommence

    Le 24 septembre 2022

    Hélas, on est bien reparti pour accoucher d’une souris. Recenser les besoins et étudier le manque de soignants ne peut se faire dans le vide sidéral de ces espèces d’assises de la santé coupées en 3 et sous la houlette d’une administration pléthorique qui a ruiné les services en lits et en personnels. Et qui est là pour faire des économies impossibles. Le système doit être réformé par les médecins avec les soignants, ceux justement qui ne veulent plus bosser dans les circonstances complètement dégradées actuelles et c’est aux économistes de les écouter.

    Dr A Wilk

  • Pipeau

    Le 25 septembre 2022

    Ce sera la même sauce...
    Un médecin qui fait de la politique a choisi son camp, voyez le Dr Braun...

    Pr André Muller

Réagir à cet article