
Après l’instauration du repos de sécurité, ces batailles ont permis, associées à celles des praticiens hospitaliers (en particulier des anesthésistes-réanimateurs), d’en venir à la limitation du temps de travail à 48 heures par semaine, en accord avec une des directives européennes de 1993 qui a été réactualisée en 2003. Cette dernière stipule que « tous les travailleurs doivent disposer de périodes de repos suffisantes. La notion de repos doit être exprimée en unités de temps, c'est-à-dire en jours, heures et/ou fractions de jour ou d'heure. Les travailleurs de la Communauté doivent bénéficier de périodes minimales de repos — journalier, hebdomadaire et annuel — et de périodes de pause adéquates. Il convient, dans ce contexte, de prévoir également un plafond pour la durée de la semaine de travail. »
Deux nouveaux mouvements de grève des internes en 2012 et 2014
Pourtant en 2010, les syndicats d’internes et jeunes médecins font le constat d’un repos de sécurité non respecté, ni en tout temps ni en tout lieu et qu’en moyenne, le temps de travail des internes dépasse largement la limite théorique des 48h hebdomadaires en moyenne. Ce constat a naturellement débouché sur deux nouveaux mouvements de grève des internes en 2012 et 2014.Après la grève de novembre 2014, le SNJMG écrivait dans un communiqué « A l'issue de ces grèves, le ministère de la Santé s'était engagé à ouvrir des discussions avec toutes les organisations d'internes (grévistes et non-grévistes) et d'en concrétiser les résultats dans les mois suivants. Hélas le ministère a rapidement renié sa parole quant aux organisations consultées et a privilégié, de façon illégitime et illégale, certains interlocuteurs non-grévistes aux revendications moins ambitieuses. Logiquement, les avancées ont été plus minces et accordées du bout des lèvres plus d’un an après les grèves. »
Le ministère n’a rien voulu savoir.
La réforme tant attendue en 2015
Une étude menée l’an dernier par l’ISNI montre que sept internes sur dix dépassaient les 48 heures. Avec une moyenne de 58 heures par semaine. Pour Gaëtan Casanova, ancien président de l'ISNI, « ce n'est pas normal ! Pour mesurer un temps de travail, il faut que le décompte soit fait en unité de temps ». La limite maximale du temps de travail avait été à 48 heures maximum en moyenne par semaine.
Et maintenant le Conseil d’Etat met un holà !
C'est en ce sens que le Conseil d'Etat sollicité par les syndicats, a demandé aux « établissements de santé de se doter, en complément des tableaux de services prévisionnels et récapitulatifs que le code de la santé publique leur impose d’établir pour les praticiens hospitaliers et les internes, d'un dispositif fiable, objectif et accessible permettant de décompter, selon les modalités qu'il leur appartient de définir dans leur règlement intérieur, outre le nombre de demi-journées, le nombre journalier d'heures de travail effectuées par chaque agent. »La première phase est « de savoir combien de temps travaillent les internes selon les services » renchérit Gaëtan Casanova, « ll ne s'agit pas de dire je ne travaille pas plus de 48h. Une fois que ces heures sont effectuées, je m'en vais. Il va y avoir des milliers de morts comme cela, mais plutôt de se demander ce que l'on peut faire pour améliorer les choses. Pourquoi y a-t-il ce genre de débordement ? »
Sans oublier que tous les acteurs de la chaîne de soin « doivent se responsabiliser, cela va du directeur d'hôpital au médecin en passant par le patient. Et peut-être aussi leur laisser plus d'autonomie aux pharmaciens et infirmiers, notamment dans le suivi de maladie chronique », explique Gaëtan Casanova.
Albane Cousin