Epidémiologie des infections à Hib avant et après la vaccination, l’exemple du Laos

La bactérie Gram- dénommée Haemophilus influenzae de sérotype b (Hib) est à l’origine d’infections sévères chez l’enfant de moins de cinq dans, le plus souvent à type de pneumopathies ou de méningites. Avant la généralisation de la vaccination contre ce germe en 2000, le nombre de ces infections dans le monde atteignait plus de huit millions dans cette tranche d’âge et 371 000 décès pouvaient leur être imputées. La vaccination contre Hib recommandée depuis 1992 dans de nombreux pays s’est généralisée en 2000 pour devenir obligatoire en France pour les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2018. Les politiques vaccinales varient certes d’un pays à l’autre, mais quand le vaccin a été imposé, les infections sévères à Hib ont quasiment disparu.

L’exemple du Laos mérite d’être rapporté, car il illustre d’une certaine manière l’épidémiologie de ces infections avant et après la vaccination, en se référant à leur séroprévalence. Dans ce pays, le vaccin combiné à quatre autres dirigés contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et l’hépatite B a été introduit en 2009. En 2018, la couverture vaccinale était estimée à 84 %. L’immunité acquise contre le Hib peut être évaluée par le dosage des anticorps dirigés contre la capsule polysaccharidique purifiée (CPR) du germe. Des taux > 1μg/ml témoignent d’une protection à long terme contre ces infections. Pour déterminer leur séroprévalence avant et après la vaccination instaurée en 2009, une étude de cohorte transversale a été entreprise dans laquelle ont été inclus 296 adolescents nés avant l’introduction de la vaccination et 1 017 enfants âgés de moins de 5 ans, vaccinés ou non. Les taux d’anticorps anti-Hib ont été systématiquement dosés par méthode immuno-enzymatique.

Une protection au moins à court terme liée au statut vaccinal

Dans la majorité des cas, une protection était globalement présente tant à court terme (42,7 %) qu’à long terme (56,1 %). Il en était de même chez les adolescents non vaccinés, avec une protection à court terme estimée à 45,6 % et supérieure à 50 % à long terme. Au sein de la cohorte des enfants de moins de 5 ans, la protection au moins à court terme était > 99,0 %, même chez les non vaccinés et ceux dont le statut vaccinal était inconnu. La protection à long terme chez les vaccinés est apparue moins fréquente en cas de vaccination datant de plus d’une année ou deux, mais aussi en cas de circonférence de la portion moyenne du bras insuffisante (z-score < -2).

De cette étude transversale réalisée au Laos, il ressort que chez un adolescent sur deux né avant l’introduction de la vaccination anti-Hib, l’augmentation des taux d’anticorps anti-CPR témoigne d’une protection contre l’infection au moins à court terme. Ce résultat témoigne à l’évidence de l’incidence élevée des infections à Hib au sein de la population générale du Laos. Après l’introduction de la vaccination, la protection au moins à court terme a été constatée chez tous les enfants, sauf quatre, ce qui correspond à une séroprévalence >99 %). Même chez les enfants non vaccinés, la protection semble significative au moins à court terme dans bon nombre de cas : les infections antérieures peuvent être en cause, mais la possibilité d’anticorps croisés ou d’informations erronées sur le statut vaccinal doit être également évoquée. Quoi qu’il en soit, il importe de maintenir une surveillance épidémiologique étroite afin de pouvoir rapporter sans tarder les infections invasives à Hib et de préciser leur incidence, même alors que la vaccination a fait la preuve de son efficacité.

Dr Philippe Tellier

Référence
Hefele L et coll. : Haemophilus influenzae serotype b seroprevalence in central Lao PDR before and after vaccine introduction. PLoS One. S ;17(9):0274558. doi: 10.1371/journal.pone.0274558. eCollection 2022.

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