Essai clinique illégal : le Pr Joyeux se défend, l’Académie contre-attaque

Paris, le lundi 23 septembre 2019 - Vendredi, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) sommait le Fonds Josefa, une association mystique et scientifique fondée par les professeurs Fourtillan* et Joyeux, de cesser leur étude clinique illégale, mise en œuvre dans les locaux d’une abbaye (!) et consistant à administrer, par voix transdermique, à des patients atteints des maladies de Parkinson, d’Alzheimer ou de pathologies mentales, de la 6-méthoxy-harmalan et de la Valentonine, une hormone présentée comme une découverte majeure du Pr Fourtillan.

Pas une étude clinique, mais une « étude scientifique »

Directement mis en cause, le Pr Joyeux a nié, devant plusieurs caméras, avoir escroqué qui que ce soit et avoir conduit un essai clinique « sauvage ». 

« Ce n'est pas une bonne chose d'avoir mis essai clinique [dans le dossier de présentation transmis aux patients NDLR], on peut faire des erreurs d'écriture. (...) Quand on réfléchit, c'est une étude scientifique avec des patients. Il n'y a rien de caché ». Son confrère Jean-Bernard Fourtillan, convoqué par l'Agence du médicament en juin dernier, allait plus loin et démentait même avoir mis en place toute expérimentation. On notera au passage les acrobaties sémantiques des deux scientifiques.

Moins anecdotique, selon Europe 1, qui a pu joindre une patiente enrôlée dans cette « étude scientifique », l’affaire a « tout d’une escroquerie ». 

« Pour cette patiente atteinte d'une forme légère de la maladie de Parkinson, la prise de contact par mail (…) a commencé fin 2017. Nous avons pu lire ce premier mail et tous ceux qui ont suivi pour tenter de la recruter dans cette expérimentation sauvage. Tous les ingrédients d'une escroquerie scientifique semblent y être. D'abord, l'abus de confiance : ces pseudos médecins promettent à la patiente sans aucune preuve que leur patch sera miraculeux contre Parkinson (…). Selon ces mails, on explique aux patients que pour avoir la chance de participer à cet essai clinique, il va falloir compter sur leur générosité financière. Il a été demandé aux patients cobayes "les plus aisés" de verser au minimum 1 000 euros, davantage quand leurs moyens le permettent. Et selon la patiente que nous avons pu interroger, tout le monde était bien obligé de payer pour participer » rapporte la station de radio.

Parallèlement à ces révélations, échaudés par l’utilisation d’une communication du Pr Fourtillan à l’Académie de pharmacie comme caution scientifique, les sages de l’avenue de l’Observatoire ripostent. Ils soulignent dans un communiqué que l’évocation de la pseudo-découverte de la Valentonine avait été vivement contestée durant sa présentation. Le Pr Yvan Touitou avait ainsi indiqué « lorsqu’on a fait un travail scientifique, la seule manière d’être jugé est de publier ce travail. Or, dans votre présentation, une seule publication est citée. Il s’agit de celle concernant la sécrétion et le cycle de la mélatonine, d’ailleurs connus depuis fort longtemps. Je regrette que le très intéressant exposé que je viens d’entendre n’ait pas été évalué par des pairs, c'est-à-dire une publication scientifique dans un journal avec comité de lecture. Par ailleurs, dans votre introduction vous dites que la mélatonine n’est qu’un épurateur de radicaux libres. Cela est faux. Elle présente de nombreux effets pharmacologiques. Sur le plan du sommeil, la mélatonine diminue la latence du sommeil, d’environ 20 minutes ».

Réponse peu convaincante de l’intéressé « quand j’ai découvert l’hormone « valentonine » en 1994, j’ai publié 14 brevets et pour des raisons de protection industrielle je n’ai pas fait de publication scientifique »...

F.H.

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