Exclusif : les professionnels de santé opposés à une quatrième année d’internat en zone sous-dense pour les MG

Paris, le lundi 7 novembre 2022 – 55 % de nos lecteurs désapprouvent la proposition du gouvernement de créer une quatrième année d’internat de médecine générale en zone sous-dense.

Ils ne décollèrent pas. Depuis que, le 25 septembre dernier, le gouvernement a annoncé vouloir mettre en œuvre une promesse de campagne d’Emmanuel Macron et créer une quatrième année d’internat de médecine générale en zone sous-dense, les internes multiplient manifestations et grèves. L’exécutif a beau assurer que les futurs médecins ne seraient qu’incités à se rendre dans un désert médical lors de cette année professionnalisante et non pas obligés, les internes dénoncent une politique déguisée de coercition et d’exploitation.

Durant le week-end de la Toussaint, les internes ont ainsi mené une grève dure particulièrement suivie et les principaux syndicats appellent à une nouvelle grève le 18 novembre prochain. Une mobilisation qui n’a pas empêché que la réforme, insérée dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), soit adoptée par l’Assemblée Nationale en première lecture, il est vrai grâce à la procédure particulière du 49.3.

Infirmiers et pharmaciens favorables à cette réforme de l’internat de médecine générale


Pour le gouvernement, cette nouvelle année d’internat pour les futurs généralistes, outre qu’elle permet de mettre la médecine générale au même niveau que les autres spécialités, constitue un outil contre la désertification médicale. L’argument ne semble pas avoir convaincu les lecteurs du JIM.

Sondage réalisé sur JIM.fr du 18 octobre au 7 novembre 2022

Selon un sondage réalisé sur notre site du 18 octobre au 4 novembre, 55 % des professionnels de santé (lecteurs du JIM) sont défavorables à la création d’une quatrième année d’internat à accomplir en zone sous-dense. Parmi les 42 % de nos lecteurs qui voient d’un bon-œil le projet du gouvernement, ils sont 24 % à préférer laisser la liberté aux internes de choisir leur lieu de stage, quand 18 % sont prêts à opter pour la coercition, en imposant le lieu d’exercice.

L’analyse détaillée de notre sondage montre une véritable fracture entre les infirmiers et pharmaciens d’un coté et les médecins de l’autre. Les premiers, qui subissent des limites à leur droit l’installation depuis plusieurs années, sont plutôt enthousiastes à l’idée de voir des médecins en herbe se rendre dans nos « déserts » médicaux: 59 % des infirmiers et 54 % des pharmaciens sont favorables à l’article 23 du PLFSS. Ils sont même 27 % parmi les infirmiers et les officiaux à vouloir imposer aux internes le choix de leur lieu de stage.

Position totalement opposée chez les médecins où l’on reste visiblement attachée à la liberté d’installation : 58 % d’entre eux sont opposés à la création de cette quatrième année d’internat.

Une fracture générationnelle chez les lecteurs du JIM


On entend souvent que le débat sur cette quatrième année d’internat est le reflet d’une fracture générationnelle, entre des médecins seniors nostalgiques d’une dévotion totale du praticien à sa profession et des jeunes soignants qui souhaitent pouvoir concilier vie professionnelle et vie personnelle. Les prises de position récentes en faveur de la réforme de la part de l’Académie de médecine (où la moyenne d’âge demeure élevée) et de la conférence des doyens ont renforcé cette impression.

Un conflit des anciens et des modernes qui semble se dessiner également chez nos lecteurs. Le rejet du projet gouvernemental est ainsi majoritaire à la fois chez les médecins de moins de 50 ans (54 %) et ceux âgés de 50 à 69 ans (69 %). En revanche, 55 % de nos lecteurs médecins de plus de 70 ans sont favorables à la création d’une quatrième année d’internat de médecine générale en zone sous-dense.

Mais peut être que ces derniers, pour la plupart à la retraite, réfléchissent désormais plus en tant que patients que comme praticiens !

Grégoire Griffard

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