
Paris, le mardi 24 mars 2020 - Cela restera sans doute comme
une image forte de la pandémie en France. Selon l’ARS du Grand-Est,
20 morts « en lien possible avec le Covid-19 » ont été
recensés dans un établissement de Cornimont (Vosges, 163 résidents)
depuis le début de l’épidémie.
Ce drame ne pourrait être que la partie visible de la
catastrophe qui se joue dans les lieux d’accueil pour personnes
âgées.
Ainsi, en France, plusieurs maisons de retraite ont été
touchées par des décès probablement liés au coronavirus. Mais le
flou règne car tous les patients suspects en EHPAD ne sont pas
testés, une imprécision qui fait dire à certains, tel le Dr Jérôme
Marty (UFML) que le nombre de décès est probablement sous-estimé
(860 à la date d’hier).
Autre image forte, l’organisation de la riposte à Mulhouse, où
l’hôpital militaire de campagne qui doit désengorger l’hôpital de
la ville est désormais opérationnel. L’appui de cet « élément
militaire de réanimation » (EMR) d’une capacité de 30 lits pour
prendre en charge les patients les plus gravement atteints était
attendu avec impatience par le personnel épuisé de l’hôpital
Emile-Muller de Mulhouse.
Encore un symbole de la crise que nous traversons, ce sont
désormais 5 médecins qui sont décédés en France, des hospitaliers
mais aussi des médecins généralistes de ville.
Corinne Delys, secrétaire générale de la CGT à l’hôpital de
Creil, réclame désormais davantage de « transparence sur les
nombreux cas de soignants concernés ». « Il y a un bilan
quotidien des patients, mais rien sur les soignants, or on sait
très bien qu’il y aura d’autres morts », commente-t-elle. De
son côté, le ministre de la santé, Olivier Véran a promis que les
soignants qui mouraient de coronavirus seraient reconnus comme
décédés d’une maladie professionnelle.
Où sont les masques, où sont les tests ?
Olivier Véran doit par ailleurs faire face à une nouvelle
polémique naissante, après celle ayant concerné le manque de
masques, qui concerne la réalisation des tests de dépistage. Ainsi,
si depuis le 7 mars, les laboratoires de biologie médicale sont
autorisés à participer au dépistage du Covid 19 (le
remboursement a été acté), en pratique, très peu sont en mesure de
remplir cette nouvelle mission. En cause, outre les problèmes de
distribution des matériels de protection, le manque de réactifs
pour pouvoir réaliser ces tests « limitant considérablement les
capacités de dépistage et la prise en charge des patients en
ambulatoire comme à l’hôpital » note une large intersyndicale
qui ajoute « certains laboratoires qui avaient mis en place leur
technique de dépistage il y a plusieurs jours sont contraints
d'arrêter la réalisation de ces tests par manque de
consommables ».
Cette pénurie s’observe alors que chez nos voisins allemands,
les capacités de dépistage sont de 160 000 tests par semaine, soit
six fois plus qu’en France !
« Une autre problématique concerne les écouvillons de
prélèvements naso-pharyngés, eux aussi présents en quantités
limitées sur le territoire. Certains laboratoires - privés comme
publics - sont obligés de développer des astuces artisanales pour
démultiplier les possibilités d'écouvillonnage » notent encore
les auteurs de ce communiqué.
Marlène Augustin