On sait le virus de la grippe capable d’infecter un grand nombre d’hôtes, oiseaux aquatiques, chevaux, chiens, et que c’est la transmission inter-espèce qui permet le réassortiment et l’émergence d’une nouvelle souche, à potentiel anthropozoonotique. Cette propriété a pris un relief tout particulier depuis l’émergence du quadruple réassortant A H1N1 (2009). Si l’infection et la transmission ont essentiellement eu lieu chez les humains, le passage à d’autres hôtes susceptibles (porcs, dindes, furets) a été décrit. Les animaux domestiques peuvent en faire partie, c’est ce que nous rappellent les auteurs de cette description chez un chat mâle de l’Iowa, âgé de 13 ans. Ce dernier est décrit comme très proche de sa famille, dont 2 des 3 membres avaient souffert d’un syndrome grippal durant 72h. Respectivement 4 et 6 jours après la survenue de ces symptômes, le chat présentait une anorexie et des difficultés respiratoires, objectivées par l’examen clinique et la radiographie, qui montrait un syndrome alvéolaire bilatéral. Les vétérinaires se sont montrés particulièrement obstinés à parvenir au diagnostic puisqu’un lavage broncho-alvéolaire a été pratiqué. La cytologie et l’étude bactériologique étant en faveur d’une cause autre que bactérienne, divers agents pathogènes ont été recherchés sans succès par PCR dans le liquide (Chlamydophyla felis, calivivirus felin, herpesvirus felin, Bordetella bronchiseptica, Mycoplasma felis).
La susceptibilité des chats étant documentée vis-à-vis de la grippe aviaire H5N1, une PCR de grippe A a été pratiquée, permettant d’identifier le nouveau variant A H1N1 (positivité pour le gène de la protéine M du groupe A, et pour celui de la neuraminidase du virus pandémique), ce qui a été confirmé par séquençage. L’homologie de séquence avec la 1ère souche humaine isolée aux Etats-Unis (A/CA/04/2009) était de 99,4 %, 99,4 % et 99,8 % pour les gènes HA, NA et M respectivement. Une souche a pu être isolée sur cellules MDCK et répertoriée dans les bases de données comme A/feline/IA/NVSL026991/2009.
L’animal étant seul et ne sortant pas du foyer il est très probable qu’il s’agisse d’une contamination d’homme à animal. Les auteurs soulignent que la problématique de « transmission inverse » doit être envisagé, dès lors que d’autres cas d’animaux domestiques ont été répertoriés. Ils pourraient constituer un réservoir et être hôtes intermédiaires pour de prochains réassortiments. La collaboration avec les vétérinaires semble toujours plus essentielle pour surveiller ces transmissions inter-espèces.
Dr Muriel Macé