Hydroxychloroquine et Covid-19 : un essai randomisé chinois négatif
Quelques travaux menés en Chine, portant sur cent patients,
jugés encourageants mais in fine peu convaincants ont été le
point de départ d’un emballement médiatique planétaire autour de
l’hydroxychloroquine (HCQ). A ces essais, s’est ajoutée une étude
ouverte marseillaise portant sur 24 patients : ses auteurs ont
conclu à l’efficacité de l’HCQ au point de juger opportun de
débuter ce traitement chez les patients testés positifs et de
déclencher ainsi des mouvements de foule peu souhaitables voire
choquants à l’entrée de leur institut…
Un essai randomisé qui a fait peu de bruit
Face à la confusion actuelle, il convient de rapporter les
résultats d’un essai randomisé pilote mené en Chine et publié en
ligne le 6 mars 2020 dans la revue J Zhejiang Univ (Med Sci).
L’article est demeuré jusqu’à ce jour inaperçu.
Ont été inclus dans cette étude approuvée par le comité
d’éthique de Shanghai (enregistrée en ligne sous le code
NCT04261517), 30 patients atteints d’un Covid-19 confirmé par PCR
et jugé suffisamment sévère pour justifier une hospitalisation dans
une unité de soins normale. Deux groupes ont été constitués par
tirage au sort. Dans le groupe traité, en plus de la prise en
charge thérapeutique standard a été instauré un traitement par
l’HCQ à raison de 400 mg/jour pendant 5 jours. Dans le groupe
témoin, seul le traitement standard a été mis en œuvre : repos au
lit, oxygénothérapie, médicaments antiviraux recommandés dans le
"protocole de traitement" tels que la nébulisation d'interféron
alpha, le lopinavir/ritonavir oral ou encore antibiotiques si
nécessaire.
Le critère de jugement primaire était strictement biologique,
en l’occurrence la disparition du mARN viral dans les
écouvillonnages nasopharyngés effectués au
7ème jour après le tirage au
sort.
Les deux groupes étaient comparables à l’état basal sur tous
les plans : démographique, clinique, biologique et
tomodensitométrique.
Résultats identiques dans les 2 groupes
Dans le groupe HCQ, un patient a développé une forme grave de
la maladie en cours de traitement au point d’être hospitalisé en
réanimation. Au 7ème jour, l’ARN viral
avait totalement disparu chez 13 patients du groupe HCQ (86,7 %),
versus 14 patients du groupe témoin (93,3 %) (p > 0,05).
Le délai médian avant la négativation des prélèvements a été
identique dans les 2 groupes, soit 4 jours (1-9) (HCQ)
versus 2 jours (1-4) (témoins) (test U de Whitman, p >
0,05).
La disparition de la fièvre s’est faite dans les mêmes délais
dans les 2 groupes, soit une journée, avec des extrêmes de
respectivement (0-2) et (0-3). Sur le plan radiologique, les
lésions pulmonaires évaluées par tomodensitométrie se sont
aggravées dans un premier temps chez 5 patients du groupe HCQ (33,3
%) et 7 patients de l’autre groupe (46,7 %). Par la suite, elles se
sont améliorées chez tous les participants, sans différence
intergroupe significative. Une diarrhée, associée ou non à des
perturbations du bilan hépatique, a été constatée chez 4 malades du
groupe traité (26,7 %), versus 3 cas dans l’autre groupe (p
> 0,05).
D’autres études contrôlées sont attendues
Cet essai randomisé n’a inclus que des formes du Covid-19
suffisamment sévères pour justifier une hospitalisation, cependant
sans signes de gravité. L’évolution a été rapidement favorable chez
tous les participants, à l’exception d’un (sous traitement testé)
qui a été hospitalisé en unité de soins intensifs.
Il est évident que ces résultats ne sauraient mettre un terme
à la bataille médiatique déclenchée par l’HCQ. D’autres études
contrôlées menés sur une plus grande échelle (testant
éventuellement d’autres posologies dans des formes sévères du
Covid-19, encore que la dose de 400 mg/jour soit jugée
thérapeutique dans les autres études publiées) sont nécessaires
pour conclure, mais il faut souligner qu’elles sont en cours et que
leurs résultats seront rapidement accessibles.
En attendant, cet essai randomisé qui répond aux critères
scientifiques actuels et qui a fait peu de bruit peut être mis en
parallèle avec l’étude ouverte du Pr Raoult qui, pour sa part, a
été retentissante. Il est vrai que les études négatives font
rarement la une des médias, à la différence des études positives où
la méthodologie fantaisiste (soulignée par la communauté
scientifique) est volontiers négligée par le grand public qui ne
retient que les signaux forts.
La suite de l’histoire appartient aux études contrôlées
multicentriques en cours, mais d’ores et déjà, il est licite de
s’interroger sur l’opportunité et l’efficacité d’un traitement par
l’HCQ chez les patients testés positifs ou atteints d’une forme peu
sévère du Covid-19, compte tenu des résultats négatifs de cette
étude qui, pour être pilote, n’en est pas moins randomisée.
Alors que l'on commence à admettre que l'on a pas le produit en disponible, je vous propose de regarder ceci : "Je peux fournir à 17 millions de personnes ce médicament, ainsi que le reste de l'Europe", a-t-il déclaré. La chloroquine, un médicament qui n'est produit qu'à Zeewolde aux Pays-Bas, fait désormais partie des conseils de traitement préliminaires pour les patients atteints du coronavirus. Cela dit au directeur de la société qui fabrique le médicament.
Ce me semble à comparer aux chiffres de Paris par exemple ...
Mr Raoult, pour respecter les protocoles, évoque une étude sur 24 patients. Là, il est évoqué les données importantes au niveau d'un peuple. Il me semble qu'au minimum ce dossier doit être regardé de très prêt... Si les protocoles normalisés, sont importants, souhaitables et nécessaires, on ne sait plus faire que cela ?
Enfin, tous les textes qui parlent de la Chine en ayant une description partielle de ce qui est sont une honte.
Dr Bertrand Carlier
30 cas très sélectifs seulement
Le 26 mars 2020
Comment peut-on assez naïf pour croire qu'une étude même randomisée, a une valeur quelconque alors qu'elle ne porte que sur 30 cas (et encore très sélectifs). Pas étonnant que cette étude n'ait pas eu de suite !