Par le Professeur Dominique Baudon, Professeur du
Val-De-Grâce
Désormais bien connu sur Jim.fr pour ses positions quasi
iconoclastes sur la gestion de la pandémie (mais qui rencontrent le
plus souvent l’adhésion de nos lecteurs), le Pr Dominique Baudon
propose d’enterrer, sans plus de formalité, le passe vaccinal pour
cause d’obsolescence programmée. En quelque sorte, un passe
dépassé…
Je suis un ardeur défenseur de la vaccination contre la
Covid-19 ; j’étais d’accord avec l’institution du « Passe
sanitaire » et j’ai milité, à travers une tribune publiée dans
le JIM.fr, pour l’application du « Passe vaccinal » bien
avant qu’il ne soit voté à l’Assemblée nationale [1]. Ces passes
successifs avaient pour objectif d’inciter les « réticents »
à se faire vacciner, et permettait au gouvernement d’éviter
l’obligation vaccinale.
Mais c’était avant la déferlante Omicron. Ce dernier variant
circule partout, la vaccination n’empêche pas l’infection ni même
la transmission, même si dans les deux cas elle les freine. C’est
donc un variant très contagieux mais beaucoup moins virulent que le
Delta, sachant qu’il peut donner des formes graves chez les sujets
avec comorbidités et surtout chez les immunodéprimés.
Une majorité de la population est immunisée contre le
SARS-CoV-2
En se basant sur les chiffres de la Haute Autorités de Santé
et de Santé Publique France, du 1er au 13
janvier, en moyenne plus d’un million de tests ont été réalisés par
jour.
Avec un taux de positivités moyen de 15 %, on peut estimer que
pour cette période de 13 jours, près de 20 millions de sujets ont
été dépistés dont environ 3,8 millions de sujets déclarés positifs.
En parallèle il y a eu des millions de cas contacts ; or ces
derniers ne se font pas systématiquement dépistés et on peut
raisonnablement estimer que le nombre de sujets infectés est
sous-estimé. Ainsi, la grande majorité de la population française
est immunisée que ce soit par la vaccination où par l’infection
naturelle, et cela d’autant plus que les réinfections, très
fréquente avec l’Omicron, stimulent et relancent l’immunité
spécifique anti-SARS-CoV-2.
Les observations épidémiologiques faites en Afrique du Sud d’où est
partie le variant Omicron, puis en Grande Bretagne et au Danemark,
pays touchés par la déferlante avant la France, montrent qu’après
une ascension vertigineuse et rapide du nombre des cas dépistés, la
chute est aussi brutale. De plus il est confirmé que malgré les
taux d’incidences des cas positif très élevés, il n’y a pas eu
d’impact majeur de l’Omicron sur les services hospitaliers. En
France c’est toujours le variant Delta qui est responsable de la
grande majorité des cas graves nécessitant la réanimation. Un autre
indicateur très important de suivi de la circulation de virus est
lui aussi en baisse, la présence du virus dans les eaux usées (la
surveillance virologique du SARS-CoV-2 dans les eaux usées se fait
via la recherche de son ARN à travers le réseau « OBEPINE »
)
Pas de tsunami hospitalier
La théorie, maintes fois développée dans les médias par
certains cliniciens ou épidémiologistes que «
mathématiquement », même si le variant Omicron est peu
virulent, il y aura devant le nombre de cas très élevé, un
retentissement dans les services de réanimation, ne s’est pas
avérée juste. Il n’y a pas eu de « tsunami hospitalier » ;
d’aucuns ont même avancé qu’on jouait à la « roulette russe
» en ne prenant pas des mesures plus contraignantes pour la
population.
Depuis quelques jours on observe une diminution du nombre de cas,
une stagnation des entrées en services de réanimation et une légère
baisse des décès, lesquels sont essentiellement lié au variant
Delta. Par contre le variant Omicron circule toujours
intensément.
L’obligation du passe vaccinal a été votée par l’Assemblée
Nationale le 16 janvier dernier. Des recours vont être faits au
Conseil constitutionnel, ce qui retardera sa mise en œuvre. Elle
arrivera alors que l’on sera en pleine décroissance de l’épidémie.
Les français ne comprendront pas comment on maintient ce passe
alors que la situation s’améliore, que les services de réanimation
re-fonctionnent quasi normalement (mais comme avant la Covid-19,
ils sont, en hiver, en situation permanente de
quasi-saturation).
Pour conclure, le passe vaccinal arrive trop tard et n’est
plus justifié dans la situation actuelle.
A vouloir trop bien faire, à vouloir s’entêter, on finit par mal
faire.
Il est toujours réconfortant de trouver une analyse pleine de bon sens et de sagesse. Évidemment que l’ensemble de la communauté médicale douée d’une saine raison accueille et approuve les vues de M. le Pr. Baudon. Il est plus surprenant que le JIM le qualifie d’iconoclaste. Pas surprenant en revanche que la saine raison ne soit pas partagée par les sphères dirigeantes et conseillères et et les laquais embrigadés à son service.
Dr Régis Dukic
Pourvu que ça dure
Le 22 janvier 2022
Bravo, tout juste, conforme aux données actuelles, merci Omicron de parachever l’immunisation de la population, espérons qu’aucun nouveau variant mutant méchant ne viendra ruiner nos espoirs.
Dr Jean-Marie Malby
Quelle belle analyse Dr Baudon
Le 22 janvier 2022
Quelle analyse: mais peut être que dans un an on la trouvera moins adaptée. Je vous rappelle votre analyse du protocole de ce cher Raoult en juillet 2020. Vous disiez: "En conclusion, je trouve les critiques portant sur le Protocole du Pr Raoult injustifiées et non fondées." Vous avez dit iconoclates ?
Dr Bernard Stefani
Passe moi l’omicron
Le 22 janvier 2022
Une analyse de bon sens comme les précédents articles du même auteur qui sont pourtant qualifiés d’iconoclastes. Sans vouloir sur-reagir à ce qualificatif, il est tout de même le symptôme de cette période. Les propos médicaux raisonnables basés sur les observations simples et factuelles sont iconoclastes pour ne pas dire déviants, quant les propos idéologiques basés sur une panique et de fausses informations sont jugés adaptés, les seuls recevables. C'est probablement cette distortion cognitive qui est la plus inquiétante.
Dans la dernière intervention télévisée de notre premier ministre, les propos faux et les déductions aberrantes étaient légion. Parfaitement dans l’air du temps.
Dr Olivier de Soyres
Pourvu que ça dure (bis)
Le 22 janvier 2022
Dans le système actuel de passe vaccinal, une infection compte pour une injection. Mais il faut qu'elle soit entrée dans SI-DEP pour cela. On a tous vu des patients faire 2 COVID, l'immunité naturelle est loin d'être parfaite. Je me rend compte que j'en suis à ma 6 ème dose de vaccin antitétanique, dont 3 doses assez rapprochée il y a "quelques mois" : répéter les doses ne choque pas tant que ça d'habitude. On veut tous croire qu'Omicron est la fin du COVID, comme certains ont cru en l'efficacité chinoise des confinements. Mais qui peut être certain qu'un nouveau variant ne va pas apparaître ? Peut être est il trop tard, mais laissons cette dernière forte sollicitation améliorer la couverture vaccinale quelques semaines ou mois, cette "thérapie génique en phase expérimentale" n'a pas l'air franchement très toxique.
Dr Jean-Roger Werther
"Erreur" il y a 18 mois (au Docteur Bernard Stefani)
Le 24 janvier 2022
Décidément, le climat est propice à la recherche d'arguments inadaptés : Je conçois que vous puissiez être encore "irrité" par une erreur (?) d'analyse datant de 18 mois, mais l'amalgame que vous faites est simplement dénuée de fondement : ce n'est pas parce que le Professeur BAUDON se serait "trompé" à propos du protocole de Didier RAOULT que son avis sur le timing du passe vaccinal serait erroné ! Il n'est décidément pire sourd que celui qui ne veut entendre.
Jean-Claude Castanier
Les réas fonctionne normalement comme un hiver classique ?
Le 25 janvier 2022
Pas très bien documenté avec plus 70% de tension en réa, et toujours des COVID, Delta mais aussi OMICRON chez pas vaccinés... Les hôpitaux sont pour beaucoup en plan blanc, avec fermeture de lits faute de permanence de soins et arrêts maladie, et avec des déprogrammations toujours en cours...
Non les autres hivers hors COVID, nous ne sommes pas à ces niveaux de fermeture de lits, de déprogrammation, et de tension en réa, non vraiment pas ! Venez voir de plus près.
Dr Leslie Guillon
Sur l'occupation des lits de réanimation et de soins intensifs
Le 26 janvier 2022
Avez vous lu précisément le définition de la tension des réanimations et exercé votre esprit critique et scientifique ? "Taux de saturation de réanimation = nombre de patients en réanimation +en soins intensifs + en unité de surveillance continue rapporté au total des lits de réanimation disponible avant la crise.
Aujourd'hui il y a 3712 patients covid en réanimation. En 2019 (avant la crise) le nombre de lits de réanimation + soins intensifs + en unité de surveillance continue était de 19 604 (données DRESS): Donc la vraie valeur de ce rapport est 3712 : 19604: 18,9%. Le nombre de lits de réanimation a varié depuis 2019 jusqu'à ce jour par ajout de lits éphémères et upgradés à partir de lits de SI et USC. Il est passé de 5080 fin 2019 à 10705 fin avril 2020 (taux d'occupation Covid réel maximum 50%) et a varié de 6000 à 8500 ensuite. A l'heure actuelle, le nombre de lits de réanimation est difficile a trouver, mais dans les pics de vagues il monte à 8000, 8500. Donc le vrai taux d'occupation des réanimations par les patients Covid est 43,6% à 46,5% au maximum. De plus, il y a 20 à 40%, selon les périodes, de patients hospitalises AVEC Covid mais pas POUR Covid ce qui augmente artificiellement les taux d'occupation.
Entre 2011 et 2020 la population des plus de 60 ans à augmenté de 8 millions de personnes, et le nombre de lits de réanimation soins intensifs et surveillance continue à malgré tout diminué de 10700 lits. En mars/avril 2020, le taux d'hospitalisation des patients Covid a représenté 7% d'une activité réduite de 50% par les déprogrammations donc 3,5 % d'une activité normale. Il y a bien sur eu des tensions dans certains endroits liées à la disproportion entre lits disponibles et demande mais ça a été très localisé, les cliniques à coté étaient vides et encore une fois dû à la réduction de lits depuis 10 ans, pas au Covid. Surtout que beaucoup de patients "grippe" ont été étiquetés Covid. Que contrairement à l'habitude on a arrêté de traiter les surinfections pulmonaires par des antibiotiques. Que 50% des patients sont décédés dans les deux premiers jours d'hospitalisation du fait de l'absence de prise en charge à domicile, de dépistage de l'hypoxie, de traitement précoce... Je pense qu'en tant que scientifiques nous devons contrôler les informations gouvernementales destinées à justifier des mesures décidées a priori ou à imputer au Covid des problèmes liés à la politique de réduction des lits depuis des décennies, en regardant les données réelles avant de céder à la psychose. C'est un devoir.
Dr Alain Thomas
Passe dépassé
Le 29 janvier 2022
Effectivement le Passe Vaccinal est dépassé. Ce n'est pas à cause de son principe. Mais c'est parce qu'il arrive trop tard. C'est au début de l'année 2021 qu'il fallait le voter pour que la couverture vaccinale soit optimisée dès l'automne.