
Une étude randomisée dans un pays à revenu intermédiaire
Afin d’évaluer l’inclusion des enfants et des adolescents à un
programme préexistant de soins pour adultes, les auteurs ont
conduit un essai randomisé en grappes sur l’effet de la
participation des omnipraticiens à un programme collaboratif de
pédopsychiatrie, à Téhéran, milieu à faibles ressources (in a
low-resource setting). Les médecins généralistes, leurs patients
entre 5 et 15 ans dont le score au questionnaire SDQ* (the
Strengths and Difficulties Questionnaire) dépassait les seuils
(≥15 pour les enfants de 5-11 ans, ≥17 à partir de 12 ans) et leurs
parents ont été inclus.
Les médecins généralistes ont été randomisés pour soit
recevoir une formation renforcée de 2,5 jours sur la gestion des
problèmes de santé mentale courants chez les enfants (groupe
intervention) soit une remise à niveau en identification et
orientation uniquement (groupe témoin). Le critère de jugement
principal était l’évolution du score SDQ à 3 mois et à 6
mois.
Un meilleur accès aux soins de santé mentale
Au total, 49 médecins généralistes ont pris en charge 389
enfants ou adolescents (âge moyen 8,9 ans, filles 47 %), 216 dans
le groupe intervention et 173 dans le groupe témoin. À 6 mois, les
enfants du groupe d'intervention avaient plus de chances de
recevoir des soins de santé mentale (rapport de cotes [OR] 3,0 ; IC
95 % 1,1-7,7), les parents étaient plus susceptibles de déclarer
que les médecins généralistes avaient discuté avec eux (RC 2,1 ; IC
95 % 1,1-3,8) et avec les enfants (RC 2,0 ; IC 95 %, 0,9-4,8) et
les médecins généralistes d'intervention étaient plus susceptibles
de dire qu'ils avaient fourni des conseils (RC 1,8 ; IC 95 %
1,02-3,3).
Cependant, il n'y a pas eu d'amélioration plus importante des
scores SDQ chez les enfants vus par les médecins généralistes
d'intervention par rapport aux témoins. Pour les auteurs, ces
résultats suggèrent qu’il serait possible d’étendre ces soins
collaboratifs entre généralistes et psychiatres, déjà développés
pour les adultes, aux enfants et aux adolescents, d’autant plus que
les omnipraticiens ayant déjà une bonne expérience en pédiatrie
pourraient tirer profit d’une brève formation élargissant leur rôle
en matière de santé mentale.
Une meilleure sensibilisation des médecins généralistes à la
pédopsychiatrie (child mental health training for GPs)
permettrait ainsi d’améliorer l’accès des enfants aux soins de
santé mentale, sous réserve d’une expérience préalable du travail
avec les enfants et leurs familles permettant d’exploiter le
bénéfice de cette formation dans l’intérêt des jeunes
patients.
*Le questionnaire SDQ est un questionnaire de dépistage du comportement adaptable aux enfants dont les 25 questions sont réparties en 5 domaines (symptômes émotionnels, problèmes de conduite, hyperactivité/inattention, problèmes relationnels avec les autres enfants, comportement social)
Dr Alain Cohen