Implication des omnipraticiens en pédopsychiatrie

Les soins intégrés en pédopsychiatrie sont rarement étudiés, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où les soins de santé mentale incombent souvent aux médecins généralistes, rappelle dans JAMA Psychiatry une équipe internationale (Australie, États-Unis, Iran). Avec cette question précise : est-il possible d’améliorer la santé mentale des jeunes en ajoutant une composante pour les enfants à un programme de soins intégrés pour adultes dans un pays à revenu intermédiaire ?

Une étude randomisée dans un pays à revenu intermédiaire


Afin d’évaluer l’inclusion des enfants et des adolescents à un programme préexistant de soins pour adultes, les auteurs ont conduit un essai randomisé en grappes sur l’effet de la participation des omnipraticiens à un programme collaboratif de pédopsychiatrie, à Téhéran, milieu à faibles ressources (in a low-resource setting). Les médecins généralistes, leurs patients entre 5 et 15 ans dont le score au questionnaire SDQ* (the Strengths and Difficulties Questionnaire) dépassait les seuils (≥15 pour les enfants de 5-11 ans, ≥17 à partir de 12 ans) et leurs parents ont été inclus.
Les médecins généralistes ont été randomisés pour soit recevoir une formation renforcée de 2,5 jours sur la gestion des problèmes de santé mentale courants chez les enfants (groupe intervention) soit une remise à niveau en identification et orientation uniquement (groupe témoin). Le critère de jugement principal était l’évolution du score SDQ à 3 mois et à 6 mois.
 

Un meilleur accès aux soins de santé mentale


Au total, 49 médecins généralistes ont pris en charge 389 enfants ou adolescents (âge moyen 8,9 ans, filles 47 %), 216 dans le groupe intervention et 173 dans le groupe témoin. À 6 mois, les enfants du groupe d'intervention avaient plus de chances de recevoir des soins de santé mentale (rapport de cotes [OR] 3,0 ; IC 95 % 1,1-7,7), les parents étaient plus susceptibles de déclarer que les médecins généralistes avaient discuté avec eux (RC 2,1 ; IC 95 % 1,1-3,8) et avec les enfants (RC 2,0 ; IC 95 %, 0,9-4,8) et les médecins généralistes d'intervention étaient plus susceptibles de dire qu'ils avaient fourni des conseils (RC 1,8 ; IC 95 % 1,02-3,3).

Cependant, il n'y a pas eu d'amélioration plus importante des scores SDQ chez les enfants vus par les médecins généralistes d'intervention par rapport aux témoins. Pour les auteurs, ces résultats suggèrent qu’il serait possible d’étendre ces soins collaboratifs entre généralistes et psychiatres, déjà développés pour les adultes, aux enfants et aux adolescents, d’autant plus que les omnipraticiens ayant déjà une bonne expérience en pédiatrie pourraient tirer profit d’une brève formation élargissant leur rôle en matière de santé mentale.

Une meilleure sensibilisation des médecins généralistes à la pédopsychiatrie (child mental health training for GPs) permettrait ainsi d’améliorer l’accès des enfants aux soins de santé mentale, sous réserve d’une expérience préalable du travail avec les enfants et leurs familles permettant d’exploiter le bénéfice de cette formation dans l’intérêt des jeunes patients.

*Le questionnaire SDQ est un questionnaire de dépistage du comportement adaptable aux enfants dont les 25 questions sont réparties en 5 domaines (symptômes émotionnels, problèmes de conduite, hyperactivité/inattention, problèmes relationnels avec les autres enfants, comportement social)

Dr Alain Cohen

Référence
Sharifi V, Shahrivar Z, Zarafshan H, et al. Effect of General Practitioner Training in a Collaborative Child Mental Health Care Program on Children's Mental Health Outcomes in a Low-Resource Setting: A Cluster Randomized Trial. JAMA Psychiatry. 2023 Jan 1;80(1):22-30. doi: 10.1001/jamapsychiatry.2022.3989.

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