L’infection à Helicobacter pylori (H pylori)
est un facteur de risque de cancer gastrique reconnu par
l’OMS.
Pour parfaire la démonstration de sont implication, cette équipe de
Taiwan a étudié le lien entre l’éradication précoce de l’infection
à H pylori et le risque de survenue d’un cancer
gastrique.
Ces auteurs ont réalisé une étude de cohorte nationale à partir
de la base de données de l’assurance maladie taïwanaise (NHID), qui
leur a fourni des informations sur 80 255 patients hospitalisés
pour la première fois entre 1997 et 2004 avec comme motif principal
une hémorragie digestive haute et ayant reçu un traitement
d’éradication de l’infection à H pylori.
La population de l’étude a été divisée en deux cohortes selon que
cette éradication avait été précoce (moins d’un an) ou plus tardive
(> 1 an).
Il n’a pas été retrouvé de différence pour le risque de cancer
gastrique entre la cohorte ayant eu une éradication précoce de
l’infection à H pylori et la population générale (Ratio
d’incidence standardisé, RIS, 1,05 ; IC95 %: 0,96-1,14), alors que
l’éradication tardive a été associée à une augmentation de ce
risque (RIS, 1,36; IC95 % : 1,24-1,49).
Chez les patients avec un ulcère gastrique et ayant bénéficié d’une
éradication précoce de l’infection à H pylori les ratios
d’incidence du cancer gastrique ont diminué de 1,60 à 3-4 ans à
1,05 à 7-10 ans après l’hospitalisation. Les ratios d’incidence
sont passés de 0,57 à 0,33 sur la même période pour les patients
ayant eu un ulcère duodénal.
Chez les patients pour lesquels l’éradication avait été tardive les ratios d’incidence diminuaient de 2,14 à 1,32 en cas d’ulcère gastrique et de 0,90 à 0,66 en cas d’ulcère duodénal.
L’analyse multivariée montre que l’éradication précoce de l’infection à H pylori (Hasard Ratio, 0,77) et la consommation fréquente d’aspirine ou d’AINS (HR, 0,65) étaient des facteurs protecteurs indépendants du cancer gastrique.
Cette étude, malgré ses limites parmi lesquelles il y a la nature rétrospective des données, suggère que l’éradication précoce de l’infection à H pylori est associée à une diminution significative du risque de cancer gastrique chez les patients ayant eu un ulcère gastrique ou duodénal.
La question de l’extrapolation de ces données à des populations à faible prévalence de cancer gastrique, comme la population française, reste posée.
Pr Marc Bardou