L’impédancemétrie couplée à la pH-métrie permet la détection des reflux gastro-œsophagiens (RGO) liquides, gazeux ou mixtes et parmi les RGO liquides, ceux qui sont acides ou non. Cependant, la corrélation entre épisodes de reflux enregistrés par cette méthode et signes cliniques n’est pas établie.
Ceci a conduit une équipe d’Amsterdam à étudier 29 nourrissons et 21 enfants afin de rechercher une « correspondance » entre symptomatologie et données de l’impédancemétrie. Toutefois seuls ont été considérés les signes évocateurs de douleur, la toux, les éternuements, suffocations, nausées, hoquet et stridor, alors que régurgitations, vomissements et éructations, qui sont la conséquence directe du RGO et peuvent être des facteurs confondants pour l’analyse, n’ont pas été pris en compte. La corrélation entre les épisodes de RGO enregistrés et les symptômes a été retenue s’ils se suivaient dans un délai de 2 minutes.
Les auteurs ont étudiés séparément les reflux acides enregistrés ou non par l’impédancemétrie (IPE), les reflux liquides ou mixtes à l’IPE indépendamment de la pH-métrie, les reflux liquides ou gazeux ou mixtes à l’IPE, acides ou non et la totalité des RGO enregistrés par l’une ou les 2 méthodes. Les nourrissons avaient davantage d’épisodes de reflux que les enfants plus âgés. Un total de 2 489 symptômes et 5 977 épisodes de reflux ont été enregistrés. Parmi ces épisodes, seulement 15 % étaient symptomatiques. Sur l’ensemble des reflux symptomatiques, 15 % n’ont été enregistrés que par pH-métrie, 42 % uniquement par l’IPE, 43 % par les 2 méthodes. Dans 96 % des cas, le reflux était liquide ou mixte et dans 4 % seulement gazeux. Au total, l’impédancemétrie a montré des épisodes de reflux corrélés avec des symptômes chez 36 (72 %) des 50 enfants étudiés contre 25 (50 %) par la pH-métrie.
Cette étude démontre que la prise en compte des reflux acides non détectés par l’impédancemétrie diminue la sensibilité de l’examen couplé. Cette constatation est probablement due au petit volume de certains reflux acides qui ne déterminent pas de distension œsophagienne. En conclusion, l’examen couplé impédancemétrie pH-métrie améliore l’analyse des rapports entre symptômes et épisodes de reflux.
Actuellement le coût élevé de l’impédancemétrie en limite beaucoup l’utilisation. Malgré son grand intérêt, cette étude rassemble des patients hétérogènes par l’âge et les symptômes étudiés dont les détails ne sont pas fournis. Des recherches importantes sont encore nécessaires pour mieux cerner les indications de cet examen en fonction des différents types de pathologies.
Pr Jean-Jacques Baudon