
Roanne, le lundi 12 août 2019 - Fin juillet, six jeunes
Roannais étaient intoxiquées par des « cigarettes trafiquées
» qui leur avaient été proposées par des malfaiteurs souhaitant
profiter de leur état d’hébétude pour leur soutirer leurs effets
personnels. Vendredi 9 août, deux hommes ont été écroués, et deux
autres placés sous contrôle judiciaire dans cette affaire, ce qui a
permis de lever le voile sur la substance en cause.
Il s’agit « d’herbes chamaniques », un nom ésotérique
pour qualifier des cannabinoïdes de synthèses.
Comme le rappelle Drogue Info Service, les cannabinoïdes de
synthèse ne contiennent pas de THC, mais des molécules qui imitent
les effets du cannabis et ils sont « plus puissants, plus
dangereux et plus addictifs que le cannabis naturel
».
Actuellement, environ 200 molécules différentes ont été
isolées grâce à l’analyse de produits saisis. Les cannabinoïdes de
synthèse sont fabriqués, pour l’essentiel, en Asie puis pulvérisés
sur des mélanges végétaux séchés et broyés et parfois associés à de
la marijuana et du tabac.
Alors que les professionnels de santé sont déjà très
sensibilisés dans les régions ultra-marines de l’Océan Indien
(Mayotte, la Réunion) en raison d’une présence marquée de ces
substances, ce fait divers alerte et met en évidence la nécessité
d’une information renforcée en direction des praticiens et des
soignants métropolitains.
« La prise en charge en cas d’intoxication reste
symptomatique. Le recours aux benzodiazépines est recommandé pour
la tachyphylaxie, l’agitation et les convulsions secondaires. Une
hydratation correcte par voie intraveineuse est conseillée en cas
d’hyperthermie avec un refroidissement externe (antithermiques
inefficaces). En cas de délire avec agitation, les antipsychotiques
comme l’halopéridol sont à éviter en présence d’un syndrome
sérotoninergique, de convulsions ou d’arythmie. L’hypertension est
souvent transitoire, réduite par les benzodiazépines ; si elle est
persistante, les molécules antagonistes et adrénergiques seront
privilégiées. La surveillance de ces intoxications est
cardiovasculaire (scope, ECG), neurologique (Glasgow Coma Scale ±
EEG), surveillance du ionogramme et de la fonction rénale. Devant
le tableau clinique initial souvent inquiétant, 25 à 30 % des
patients sont admis en réanimation ou en unité de soins
intensifs » notait le Dr Claudet dans un article publié par
Pédiatrie pratique en avril 2017.
X.B.