IST : quel impact de la pandémie aux USA ?

Washington, le vendredi 13 mai 2022 - Avec davantage de recul maintenant, que peut-on dire des IST durant la première année de la pandémie ? Pour les USA, le rapport 2020 de surveillance des maladies sexuellement transmissibles récemment publié par les CDC (Centers for Disease Control and prevention) clarifie les données.

Les premiers mois de pandémie, la « fausse » baisse des signalements était due au détournement vers les soins des centres de prévention et des laboratoires ou à la pratique de la télémédecine, à quoi il faut rajouter un élément plus spécifique aux États-Unis (EU) : les interruptions d’assurance maladie dues au chômage. Mais pour finir, l’évolution fut à la hausse sur presque tous les indicateurs en 2020.

Morts de syphilis congénitale

Si le taux de chlamydiose (la plus grande proportion des IST aux EU) a diminué, c’est probablement par manque de déclaration, commente le CDC, car en revanche, les taux de gonococcie et de syphilis ont dépassé ceux de 2019 : + 10 % de gonococcies, + 7 % de syphilis primaire et secondaire. Quant à la syphilis congénitale, en hausse chaque année depuis 2013, elle a pris en 2020 15 points par rapport à 2019 (+ 254 % par rapport à 2016 !) avec 2 148 cas dont 149 mortels.

Les données préliminaires 2021 montrent une poursuite de l’augmentation des cas, notamment pour la syphilis : 33 états rapportent cette augmentation avec en moyenne + 34 % chez les femmes (9 % chez les hommes) et + 6 % de syphilis congénitales.

Chaîne de contamination aggravée par le système

Des hausses, regrette le CDC, particulièrement visibles dans les populations les plus discriminées : pauvres, minorités ethniques, homes gays et bisexuels, payent le plus lourd tribut. Reconnaître ces inégalités est la première étape pour lutter contre elles, car ce n’est pas le reflet de disparités de comportement sexuel mais bien de carences dans les prises en charge, d’où découle un risque supérieur de rencontrer un partenaire infecté.

La santé publique étatsunienne n’a donc pas qu’une chaîne épidémique à rompre, mais aussi un cercle vicieux à prendre à la racine ; n’est-ce pas le principe de la prévention ?

Dr Blandine Esquerre

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