Jeanne Calment est-elle morte à 122 ans ? Des doutes subsisteraient

Paris, le lundi 28 janvier 2019 – A la fin de l’année, trois scientifiques russes mettaient en doute la véracité de la longévité exceptionnelle de Jeanne Calment et suggéraient que sa fille Yvonne Calment s’était substituée à sa mère en 1934 pour éviter de payer des droits de succession, annulant ainsi le record de la doyenne de l’humanité éteinte (officiellement) à 122 ans.

Cette thèse inattendue s'appuyait, entre autres, sur une analyse de l’évolution du visage de Jeanne Calment et sur des ressemblances, jugées confondantes, entre Jeanne Calment âgée et Yvonne Calment jeune.

Ils s’étonnaient également que l’acte de décès d’Yvonne, officiellement morte en 1934 ait été établi par une personne sans diplôme médical et que ses funérailles aient eu lieu en catimini. Ils soulignaient, en outre, que les récits de la doyenne ne correspondaient pas toujours à ce que l’on connaissait de sa vie…

« Certains éléments méritent des investigations » 

Si Jean-Marie Robine, directeur de recherche à  l’INSERM et Michel Allard, gérontologue, qui ont participé à la validation du "record" de longévité, s’étaient déjà manifestés dans les médias pour contredire les assertions des chercheurs russes, aucune réponse officielle n’avait encore été proposée.

Aussi, sept experts ont été réunis mercredi par l'Institut national d'études démographiques (INED), dont Jean-Marie Robine et Michel Allard. Ils ont « passé en revue tous les arguments avancés par les auteurs russes contestant l'âge de Jeanne Calment », rapporte un court compte-rendu.
Pour eux, « aucun de ces arguments n'apporte la preuve d’une substitution entre Jeanne et Yvonne Calment. Toutefois, certains éléments méritent des investigations supplémentaires, notamment en ce qui concerne le supposé mobile (de la substitution), ou des études plus particulières (graphologie des signatures, caractéristiques morphologiques) ».

« Si ces investigations apportaient de nouveaux éléments de doute », les chercheurs français n’excluent pas de les lever grâce à des analyses ADN, qui pourraient nécessiter une exhumation (ce qui suscite pour l’heure une forte opposition de sa famille). Cependant, il est probable qu’une telle opération ne soit pas indispensable, des échantillons sanguins étant probablement disponibles, tant le cas Jeanne Calment a été l’objet d’une importante attention. Nicolas Brouard de l’INED propose ainsi de rechercher si des prélèvements sanguins de Jeanne Calment ont été conservés dans le cadre de projets de recherche sur les centenaires, dans les années 80 et 90 (projets IPSEN et CHRONOS). Il souligne que si de tels prélèvements sont protégés par le secret médical « un comité d'éthique pourrait le lever ».

Par ailleurs, l'hebdomadaire Paris Match a réfuté, dans une enquête parue cette semaine, un des arguments en faveur d'une substitution, selon lequel l’inhumation d'Yvonne Calment s’était faite à la dérobée.

Il rapporte ainsi qu’en janvier 1934, le journal Le Forum républicain avait signalé qu’une « foule particulièrement nombreuse a conduit à sa dernière demeure Mme Billot-Calment, décédée à l'âge de 36 ans »…

F.H.

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