Jouer la carte du mavacamten contre la CMH

Chez les patients qui ont une cardiomyopathie obstructive (CMH) très symptomatique malgré un traitement médical optimal, les recommandations internationales préconisent le recours à une réduction septale par myomectomie chirurgicale ou par alcoolisation ; or, ces procédures exposent à une morbi-mortalité certaine.

Desai et coll. ont tenté de déterminer si le mavacamten, un inhibiteur oral de la myosine, améliorait suffisamment la situation clinique pour éviter, à ces patients, l’une ou l’autre de ces procédures.

Les patients dont la CMH s’accompagnait d’un gradient de la chambre de chasse du ventricule gauche (VG) ≥ 50 mm Hg au repos ou lors de tests de provocation et qui, de ce fait, présentaient  les critères des recommandations internationales selon lesquels ils pourraient bénéficier d’une réduction septale, ont été inclus dans l’étude VALOR-HCM (A Study to Evaluate Mavacamten in Adults With Symptomatic Obstructive HCM Who Are Eligible for Septal Reduction Therapy) : âge moyen : 60 ± 12 ans ; hommes : 51 % ; classe  fonctionnelle NYHA III/IV : 93 % des cas ; gradient moyen de la chambre de chasse du VG après effort : 84 ± 35,8 mm Hg.

Après randomisation, les 112 patients ont reçu en double aveugle soit un placebo (n = 56) soit mavacamten (n = 56) à la posologie de 5 mg/jour (posologie qui pouvait être augmentée jusqu’à 15 mg/jour en fonction du gradient de la chambre de chasse du VG et de la fraction d’éjection du VG).

Le critère composite principal était la proportion de patients qui, après 16 semaines de traitement, étaient toujours éligibles pour une procédure de réduction septale ou en avaient réellement bénéficié. Les critères secondaires étaient les suivants : pic de l’obstruction de  la chambre de chasse du VG au décours de l’effort ; classe fonctionnelle de la NYHA (New York Heart Association) ; score de qualité de vie ; taux de NT-proBNP (non terminal-pro brain natriuretic peptide) et de troponine cardiaque.

Nette diminution des indications de myectomie dans le groupe mavacamten


Au terme des 16 semaines de l’étude, 43 des 56 patients sous placebo (76,8 %) et 10 des 56 patients sous mavacamten (17,9 %) devaient, selon les recommandations internationales, bénéficier d’une réduction septale ou en ont bénéficié réellement (soit une différence significative de 58,9 % en faveur du groupe mavacamten ; intervalle de confiance 95%  : 44,0 % à 73,9 %; p < 0,001).

L’analyse des critères secondaires a montré une différence significative (p < 0,001) d’effets favorables en faveur du mavacamten, à savoir : amélioration du pic de l’obstruction de la chambre de chasse du VG (d’en moyenne 37,2 mm Hg) au décours de l’effort ; diminution d’au moins une classe fonctionnelle de la NYHA (dans 41,1 % des cas) ; augmentation (de 9,4 points) du score de qualité de vie ; réduction des taux de NT-proBNP et troponine cardiaque.

Conclusion, chez les patients présentant une CMH avec symptômes sévères qui résistent à un traitement médical optimal, la mise sous  mavacamten pendant 16 semaines diminue significativement la proportion de patients qui (selon les critères des recommandations internationales) devraient bénéficier d’une réduction septale. Reste à savoir si l’effet bénéfique de ce nouveau traitement se maintiendra à  long terme.

Dr Robert Haïat

Référence
Desai MY et coll. : Myosin Inhibition in Patients With Obstructive Hypertrophic Cardiomyopathy Referred for Septal Reduction Therapy. J Am Coll Cardiol 2022;80:95–108.

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