
Paris, le vendredi 2 juin 2017 - La question de savoir si la cigarette électronique est un outil efficace pour l’arrêt du tabac reste controversée. D’une part les deux essais contrôlés randomisés publiés à ce jour montrent qu’elle peut l’être quand d’autres études, de cohorte en population générale sont plus réservées.
Afin de déterminer si l’utilisation régulière d’e-cigarette parmi les fumeurs quotidiens est associée 6 mois plus tard à l’arrêt du tabac, les épidémiologistes de Santé publique France ont effectué des recherches publiées cette semaine dans la revue Addiction.
Dans la vie réelle
L’intérêt de cette étude observationnelle est notamment de porter sur le devenir des fumeurs en conditions réelles, au contraire d’autres essais cliniques où les fumeurs sont suivis de près et où la vapoteuse est fournie gratuitement et est présentée comme l’outil qui va permettre d’arrêter de fumer.
Ses auteurs ont ainsi interrogé à 6 mois d’intervalle en septembre 2014 et mars 2015 plus de 2 000 fumeurs âgés de 15 à 85 ans, représentatifs des fumeurs français selon la méthode des quotas.
Les fumeurs qui vapotaient régulièrement (vapo-fumeurs) ont été comparés aux fumeurs exclusifs (qui ne vapotaient pas). Les profils socio-économiques et les caractéristiques de consommation de tabac des fumeurs ont également été pris en compte dans les analyses statistiques.
Bien pour réduire sa consommation, pas efficace pour arrêter
Les principaux constats sont :
- Les vapo-fumeurs sont plus nombreux que les fumeurs
exclusifs à avoir réduit de moitié ou plus leur consommation
quotidienne de cigarettes : 26 % versus 11 %.
- Les vapo-fumeurs sont plus nombreux que les fumeurs
exclusifs à avoir tenté d’arrêter de fumer au moins 7 jours au
cours du dernier mois : 23 % versus 11 %.
- Concernant l’arrêt du tabac d’au moins 7 jours à 6 mois, il
n’y avait pas de différence significative entre vapo-fumeurs et
fumeurs exclusifs.
Au total cette publication montre que l’utilisation régulière de la cigarette électronique est liée à une réduction de la consommation de tabac et à des tentatives d’arrêt plus fréquentes, mais n’apporte pas, pour l’heure, de preuve quant à son efficacité en matière d’aide à l’arrêt. Faut-il y voir une remise en cause de l’utilité de la vapoteuse ou une invitation à relativiser la pertinence du dogme de l’abstinence totale ?
Frédéric Haroche