
Radicalisation de la lutte contre les dérives sectaires
Doit-on redouter que ce travail d’alerte de la Miviludes
pâtisse de la prochaine modification de son statut ? Alors que des
rumeurs insistantes circulaient depuis plusieurs semaines, Matignon
a en effet confirmé que la mission perdrait son caractère
interministériel d’ici le 31 décembre et serait directement
rattachée au ministère de l’Intérieur dans le giron du Comité
interministériel de prévention de la délinquance et de la
radicalisation (CIPDR). Absence de nomination d’un nouveau
président après le départ de Serge Blisko il y a plusieurs mois,
défaut de publication du rapport d’activité en 2018, baisse
constante des subventions : les indices d’une dissolution à venir
étaient nombreux. Le coup n’en est pas moins rude et les
interrogations sont nombreuses. Faut-il redouter qu’au sein de la
nouvelle structure, l’accent soit trop prioritairement donné à la
surveillance de la radicalisation et que d’autres mouvances soient
ignorées ? Que deviendra l’expertise des agents actuels de la
Miviludes ? Les investigations au sein de toutes les
administrations que permettait le caractère interministériel de la
mission seront-elles aussi faciles ?
Les préoccupations concernent particulièrement la santé. «
Nous avons acquis un savoir-faire dont on ne sait pas ce qu’il
va devenir, notamment dans le domaine de la santé. Il y a de plus
en plus de charlatans dans ce domaine et visiblement cet aspect
sera dorénavant passé sous silence au profit des questions liées à
la radicalité » remarque un proche de la Miviludes cité par
Libération. Georges Fenech, ancien président de la mission
renchérit : « Les missions de la Miviludes couvrent plusieurs
domaines : dans la santé avec les pratiques non conventionnelles,
l’éducation (…), le sport et la formation professionnelle qui
peuvent être des vecteurs de recrutement. Tous ces agents issus
d’autres ministères vont regagner leurs ministères de tutelle
».
Affaire à suivre
Aurélie Haroche