La faim invisible en Syrie a de vraies conséquences

Paris, le jeudi 31 mai 2018 – « Nous devons être la génération Faim Zéro » exhortait il y a trois ans le patron de l’agence de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), José Graziano da Silva. De nombreux indicateurs lui permettaient de valider un tel espoir. Ainsi, dans 72 pays pauvres sur 129 concernés par cet objectif, le nombre de personnes souffrant de la faim a été divisé par deux entre 2000 et 2015. Cependant, dans certaines zones, la malnutrition, qui ne représentait plus un réel enjeu majeur, s’impose de nouveau. C’est notamment le cas en Syrie.

Insécurité alimentaire

Il y a quelques semaines, les images d’enfants décharnés piégés dans la Ghouta orientale ont fait le tour du monde. Dans le dernier fief rebelle en Syrie, l’explosion des prix des denrées alimentaires de base a entraîné des difficultés d’accès à la nourriture dont les conséquences ont été rapidement perceptibles. Mais au-delà, une « faim invisible » est en train de s’installer en Syrie selon de nombreux observateurs. « L’insécurité alimentaire, les mauvaises habitudes alimentaires des enfants et des bébés, la propagation de maladies et d’infections infantiles, le déplacement des populations et la pauvreté, ont conduit à la propagation de la malnutrition en Syrie », décrit le docteur Feras Al Dbeis, responsable nutrition de l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM). Les conséquences de cette installation de la malnutrition pourraient s’observer dans plusieurs années : « cécité, retard de développement, handicaps physiques, mortalité infantile » sont à redouter, selon l’UOSSM.

Le bracelet qui sauve des vies

Aujourd’hui, une part important de la population syrienne est touchée par ce fléau ou menacée de l’être. Selon les chiffres présentés par l’UOSSM, par le Professeur Raphaël Pitti (médecin humanitaire, anesthésiste réanimateur, responsable formation de l'UOSSM), 6,5 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire élevée et 4 millions pourraient l’être. Ce chiffre a doublé au cours des deux dernières années. Aussi, l’UOSSM a décidé d’alerter la communauté internationale. La campagne « Ce bracelet sauve des vies », dont l’emblème est l’outil utilisé pour mesurer le périmètre brachial des enfants victimes de la faim, est destinée à récolter des fonds afin de renforcer un programme de sécurité alimentaire. « Notre objectif est de faire en sorte que chaque hôpital et centre de santé dispose d’un service de prévention et de prise en charge de la malnutrition. En collaboration avec l’UNICEF et l’OMS, nos programmes ont été pensés pour sensibiliser, dépister et prévenir les cas de sous-nutrition parmi les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes ou celles qui allaitent afin de leur administrer un traitement nutritionnel adapté » décrit l’organisation. Très engagée en Syrie, cette association milite également pour une plus grande protection des soignants qui interviennent dans ce pays et dans toutes les zones de guerre alors que les hôpitaux continuent à être volontairement régulièrement pris pour cible.

Lien vers le site de l'UOSSM : www.uossm.fr
Lien vers le site de la campagne : https://cebraceletsauvedesvies.fr

Aurélie Haroche

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