
Toulon, le vendredi 29 avril 2022 – Ce lundi, Kane Tanaka, doyenne de l’humanité âgée de 119 est morte. A l’instar des rois de France, le titre a immédiatement échu à son successeur, la vice doyenne, Lucile Randon, une jeune française de 118 printemps, religieuse sous le nom de Sœur André (au masculin, en hommage à l’un de ses frères).
Fille d’instituteur, Lucile Randon est née le 11 février 1904 à Alès, dans le Gard, alors qu’Emile Loubet présidait aux destinées du pays. Petite-fille de pasteur, elle est élevée, avec deux frères aînés, dans une famille protestante non-pratiquante.96 ans de « cotisations »
Devenue en 2017 doyenne des Français, elle rapportait à l’AFP que l’un de ses plus beaux souvenirs d’enfance avait été le retour de ses frères à la fin de la Première Guerre mondiale. « C’était rare, dans les familles, il y avait plutôt deux morts que deux vivants ». La petite Lucile commencera à travailler à 12 ans, en tant que gouvernante chez un médecin marseillais, avant d’être engagée comme répétitrice, à Versailles, par la famille Peugeot.
Ce n’est qu’au cœur des années 20 qu’elle reçoit le baptême catholique qui l’amènera à devenir religieuse au sein de la compagnie des Filles de la charité, rue du Bac à Paris. Après la seconde guerre mondiale, elle sert comme infirmière à l’hôpital de Vichy puis, en 1973, à l’hôpital de La Baume-d’Hostun, dans la Drôme. Elle prend sa retraite officielle en 1979, à 75 ans, mais continuera à prêter main-forte dans un EHPAD jusqu’à l’âge de 108 ans ! « On dit que le travail tue, moi c'est le travail qui m'a fait vivre », insiste ainsi Sœur André.
Elle vit aujourd’hui, et depuis une dizaine d’années à l’EHPAD
Sainte-Catherine-Labouré de Toulon.
Son sacre en tant que doyenne de l’humanité a été l’occasion d’une
petite conférence de presse ce mardi 26 avril. Elle a résumé, c’est
« une fierté » mais aussi « un désastre ».
« Vous savez, ce n'est pas beau d'être vieux, parce que
j'aimais m'occuper des autres, faire danser les enfants, et
aujourd'hui, je ne peux plus » détaille-t-elle. Si elle est
aujourd’hui aveugle et ne peut plus marcher, sœur André semble
avoir gardé toutes ses facultés mentales et son élocution.
Les journalistes lui ont adressé la traditionnelle question : quelle est votre secret de longévité ?
La super-centenaire, qui s’est remise d’une Covid contractée à 117 ans (!) résume : prières, messes et plaisirs de la table. Elle se décrit ainsi comme « gourmande », elle boit un verre de vin chaque midi, mange des bonbons et s’autorise régulièrement un verre de porto, comme son prédécesseur Jeanne Calment. Elle la défie d’ailleurs, amusée : « 122 ans c’est à ma portée ! ».Elle reconnait cependant qu’elle aimerait « se retirer de
cette affaire »…
Xavier Bataille