
Paris, le 22 octobre. A la demande de la Direction générale de la Santé, la Haute Autorité de Santé a rédigé un rapport rendu public mercredi dans lequel elle présente une nouvelle recommandation sur le dépistage du Sida. Ce rapport met un terme à deux ans de travail mené par des chercheurs, des médecins et des responsables d'associations qui constatent que « le dispositif actuel de dépistage souffre d'un nombre important d'insuffisances ». Ainsi, la HAS suggère que le dépistage du virus du sida soit proposé à toute la population, de 15 à 70 ans, sur la base du volontariat.
Des soins trop tardifs
Bien que la France soit un des pays qui pratique le plus de test en Europe (5 millions de test par an), un tiers des personnes diagnostiquées séropositives chaque année, sont dépistées à un stade avancé (47 % entre 1997 et 2005), et près de 40 000 personnes ignoreraient aujourd’hui leur séropositivité, selon ce rapport.
La HAS bouleverse donc la politique de dépistage en vigueur jusqu’à présent qui veut que soient surtout visées les populations considérées comme à risque : consommateurs de drogue, homosexuels et migrants.
Aujourd’hui, la HAS recommande de dépister plus et mieux, « et surtout d'arrêter de systématiquement lier le test de dépistage à une prise de risque », explique Jean-Marie Le Gall, responsable des actions de recherche pour l'association Aides et membre du groupe de travail de la HAS.
Ainsi, la HAS souhaite faire évoluer les préconisations sur les tests de dépistage rapide qui permettent une réponse dans les 30 minutes (prélèvement d’une goutte de sang au bout du doigt).
Ce test, qui doit faire l’objet d’un deuxième examen de confirmation, est autorisé dans les hôpitaux et les cabinets médicaux. La HAS souhaite que les médecins puissent proposer ce test lors de toute consultation médicale, même aux urgences. « Nous souhaitons que les laboratoires aient l'autorisation de pratiquer des tests remboursés sans prescription médicale », explique Jean-Marie Le Gall, interrogé par Le Monde. « Nous demandons également que les réseaux communautaires et les associations puissent participer au dépistage en proposant des tests rapides ».
Ces propositions devraient être étudiées dans le cadre du plan de lutte national contre le Sida.
Pour aller plus loin
La synthèse de la HAS sur la stratégie et le dispositif de dépistage du VIH
L’argumentaire de la HAS sur la stratégie et le dispositif de dépistage du VIH
HAS : Modalités de réalisation du dépistage
FB