La Miviludes alerte sur la recrudescence des « dérapeuthes »
Paris, le vendredi 4 novembre 2022 - Dans son rapport annuel
d'activité, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte
contre les dérives sectaires (Miviludes) alerte sur la
recrudescence des signalements et notamment des dérives
thérapeutiques.
Sur les 4 020 signalements comptabilisés en 2021 (+ 34 % en un
an, + 86 % en cinq ans), environ 20 % concernent le champ de la
santé, soit 744 dossiers dont 70 % relèvent de pratiques de
thérapies non conventionnelles (520 dossiers). Presque 4 % des
saisines concernent le mouvement antivax (soit 148 dossiers). Ces
dossiers ont déjà donné lieu à une vingtaine de plainte auprès du
Procureur de la République.
La Miviludes note ainsi un « regain d'activité » de son
pôle santé et pointe notamment la naturopathie, le reiki, la
nouvelle médecine germanique, ou encore le jeûne. Des pratiques qui
se sont développées pendant la crise sanitaire, qui s'est traduite
par un rejet de la médecine conventionnelle par une partie de la
population.
Toute pratique non conventionnelle n’est pas sectaire…
L’institution, qui s'inquiète de l'emprise mentale exercée par
certains « dérapeuthes » (mot-valise qu'elle forme à partir
des mots « dérapage » et « thérapeute ») tempère
néanmoins et souligne que « toute dérive thérapeutique ou toute
pratique non conventionnelle n'est pas nécessairement sectaire
». Si le rapport souligne la multiplication de petites
structures dans les domaines de la santé, du bien-être et de
l'alimentation, il se montre particulièrement préoccupé par les
« pseudo-guérisseurs » isolés. Le rapport déplore
ainsi le phénomène des « gourous 2.0 » qui propagent leur
doctrine sur les réseaux sociaux et visent principalement les
jeunes.
Qui l’eut cru ?
L’institution pointe un homme en particulier : le youtubeur à
succès Thierry Casasnovas qui « use d’un discours s’inscrivant
dans le complotisme pour s’opposer à la médecine conventionnelle.
Dans ses vidéos YouTube, il affirme que les maladies n’existent pas
et accuse les médicaments et la vaccination d’être nocifs pour la
santé ». Ce chantre du crudivorisme (qui consiste à n’ingérer
que des aliments crus !) comptabilise 80 millions de vues sur sa
chaîne et a fait l’objet de 54 saisines l’an dernier !
Cette augmentation générale des signalements s’expliquerait
par la crise sanitaire qui aurait « constitué un terreau fertile
pour ces mouvements : marquée par plusieurs confinements et des
situations économiques et sociales difficiles ». « Les
dérives liées à la santé sont parmi les plus inquiétantes »,
commente auprès de l'AFP la secrétaire d'État à la Citoyenneté,
Sonia Backès. « Quand vous demandez à quelqu'un de ne pas suivre
son traitement en lui vendant un soin alternatif à la place, vous
pouvez mettre la vie de cette personne en danger ».
Dans ce contexte, Sonia Backès tiendra au début de l'année
2023, les premières assises des dérives sectaires et du
complotisme.
Meilleure version de soi-même…
Elle explique : « le rapport de la Miviludes nous montre
que le phénomène sectaire s'accroît en France et se renforce par la
modification de sa structure. La réponse de l'État se doit de
changer d'échelle si nous voulons proposer des solutions efficaces.
J'entends donc adapter l'action de l'État, au sortir des assises
des dérives sectaires et du complotisme, afin de pouvoir bénéficier
de tous les outils nécessaires pour combattre efficacement ce fléau
».
La Miviludes alerte aussi sur les dérives du «
développement personnel » et du coaching où le sujet est appelé
à devenir une « meilleure version de lui-même ». L’organisme
a d’ailleurs été saisi 173 fois en 2021 à propos du développement
personnel et 116 fois pour la méditation et le yoga.
Les signalements de mouvement plus classiques (et installés)
sont toujours présents, favorisés par le « contexte de perte de
repères sociaux engendré par la crise sanitaire ». Ainsi, 99
signalements ont été faits contre les Témoins de Jéhovah, 33 pour
la Scientologie ou encore 31 pour l’anthroposophie.
Puisque c'est le terme utilisé... Elles ont une petite entrée auprès des autorités de santé, bravo les lobbies. Quand on voit que la collaboration Cochrane reconnaît comme indications antalgiques de l'acupuncture le tennis et le golf elbow, sans plus, on peut s'interroger sur les médecins qui ne font que de l'acupuncture. Que penser de l'ostéopathie dont la physiopathologie n'est pas plus claire que celle de l'homéopathie ? De la médecine anthroposophique ? Ayurvédique ? Chinoise ? Enseignées en 3 ans par des écoles autocertifiées. Il y a un CNU de thérapeutique. Eh bien que l'on accorde avec parcimonie le terme de thérapeute . Et si les patients se sont tournés vers ces pipeau-thérapies, c'est peut-être parce qu'ils ne sont pas écoutés par des allopathes sous-payés.
Pr André Muller
Fermeté
Le 08 novembre 2022
Peu de doute que le gouffre de la crise sanitaire a bénéficié aux pratiques évoquées avec leurs plans B,C,D opportunistes et le retour en force "empathique" du "développement personnel"... égocentré. Après la bienveillance tolérante, après avoir pointé, souligné, surligné, signalé, colligé et toléré : à quand une place pour la fermeté et son exemplarité ? La nuance peut conduire à la complaisance puis à la complicité. En d'autre termes, que fait encore Mr Thierry Casasnovas (et d'autres) en liberté d'expression et surtout d' "exercice" ? Cependant il n' y a pas d'influenceur(se) sans influencé(e) : l'abus de faiblesse fait la différence. Pas sûr que des allopathes normo ou sur-payés y changent quoi que ce soit. Je le répète , notre président souhaitait renverser les tables : mission accomplie , elles tournent.
Dr JP Bonnet
Parler d'allopathes c'est déjà être sous emprise !
Le 08 novembre 2022
Les "dérapeuthes" ont gagné si les défenseurs de la Médecine sont intoxiqués par ce langage qui fait de "l'allothérapie" une pratique parmi les autres.