La mobilisation des internes se mue en mobilisation générale

Paris, le jeudi 17 novembre 2022 – Le 14 octobre dernier, 10 000 internes et étudiants en médecine avaient défilé dans les rues de plusieurs villes de France pour protester contre la disposition du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, programmant la mise en place d’une quatrième année d’internat en médecine générale, avec pour objectif qu’elle soit prioritairement (mais pas obligatoirement) réalisée dans les zones sous-denses. Alors que les conditions de travail des internes sont toujours plus difficiles et qu’enquête après enquête la progression de l’épuisement professionnel est constatée, les futurs médecins ne décolèrent pas contre ce projet.

Un soutien et des défilés communs


Si le gouvernement a tenté de faire un pas vers les protestataires en acceptant un amendement indiquant que cette quatrième année ne reposerait pas nécessairement sur un stage ambulatoire, l’opposition des internes reste entière. Une grève illimitée a été entamée cette semaine à l’appel de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), l’Intersyndicale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) et ces derniers espèrent que la journée de manifestations de demain sera une démonstration plus éclatante encore que le 14 octobre de leur détermination.

Le succès sera sans doute au rendez-vous. En effet, jour après jour, les futurs praticiens ont vu se rallier à leur cause un nombre croissant de représentants de médecins en exercice, qu’il s’agisse de libéraux ou d’hospitaliers. Ainsi, en marge de la manifestation, MG France, la CSMF, la FMF, le SML et le Regroupement autonome des jeunes généralistes installés et remplaçants (Reagjir) participeront à une conférence de presse aux côtés de l’ANEMF et de l’ISNAR-iMG pour rappeler leur attachement à la liberté d’installation.

Par ailleurs, localement et notamment à Lyon, MG France a appelé à défiler auprès des internes. Il s’agit pour le syndicat non seulement d’évoquer le malaise propre de la médecine générale (et en particulier les inquiétudes liées aux transferts de compétences) mais également de dénoncer l’hypocrisie de cette quatrième année d’internat telle qu’elle se dessine (quatrième année à laquelle pourtant MG France était a priori favorable).

« Avec cette quatrième année, vous allez envoyer des internes tous seuls dans un coin où ils ne seront pas accompagnés. On sera en dehors d’une formation, ce sera un remplacement déguisé. Il faut mettre le paquet sur les maîtres de stage dans les zones déficitaires », explique Aurélien Vaillant, vice-président des médecins généralistes en Bourgogne Franche-Comté sur France 3.

Des motifs de colère multiples


Les internes ne peuvent que se féliciter de ces soutiens et de cette mobilisation qui offrent une plus grande visibilité à leur mouvement et qui en outre les rassurent alors que certains chefs d’unité et responsables hospitaliers ont pu manifester sans nuance leur hostilité face à une grève qui sans surprise (compte tenu du rôle joué par les internes) perturbe le fonctionnement des services.

Cependant, les jeunes médecins souhaitent que leurs combats spécifiques ne soient pas effacés par un mouvement trop généraliste. En effet, outre la quatrième année d’internat en médecine générale, les motifs de contestation des internes sont nombreux. Ils déplorent ainsi leur récent « oubli » des annonces concernant la revalorisation des gardes, la possible interdiction de l’intérim pour les jeunes thèsès et encore les menaces vis-à-vis des licences de remplacement. Autant de points qui seront au cœur des défilés de demain, dont celui de Paris qui doit relier le Panthéon au ministère de la Santé.

Aurélie Haroche

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