L’année 2023 marquera-t-elle la fin de la pandémie de Covid-19 ?

Paris, le vendredi 13 janvier 2023 – Après une année 2022 où la Covid-19 a cessé d’être une contrainte sur nos vies, certains espèrent que l’année 2023 pourra être celle de la fin définitive de cette pandémie.

Le 11 janvier 2020, la Chine annonçait la survenue du premier mort d’une nouvelle maladie à coronavirus que l’on n’appelait pas encore Covid-19. Trois ans et plus de 6,7 millions de morts (un chiffre officiel sans doute grandement sous-estimé) plus tard, la pandémie de Covid-19, qui a conduit au confinement prolongé de plusieurs milliards d’individus, est toujours d’actualité.

Elle connait d’ailleurs peut être sa phase la plus intense depuis que le gouvernement chinois a décidé d’abandonner sa politique zéro-Covid début décembre et de laisser le virus circuler dans la population. S’il n’existe aucune donnée officielle fiable sur l’ampleur de l’épidémie chinoise, on estime qu’il y a sans doute des dizaines de millions de contaminations et des milliers de décès chaque jour.

Malgré l’actualité en Chine, mais aussi au Japon, qui vit actuellement sa pire vague épidémique (plus de 350 décès par jour) ou aux Etats-Unis, où le nouveau variant XBB.1.5 inquiète les scientifiques, certains experts espèrent que 2023 pourra être l’année de la fin de la pandémie. Le 14 décembre dernier, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Thedros Ghebreyesus a dit espérer qu’au cours de l’année 2023, « nous pourrons dire que la Covid-19 n’est plus une urgence sanitaire mondiale ». Au même moment, l’éminent virologue allemand Christian Dorsten décrétait « la fin de la pandémie en Allemagne ».

La France dans le creux de la vague épidémique

En France, l’année 2022 aura été celle du retour à la « vie d’avant ». En janvier 2022, les Français étaient encore masqués (y compris dans les rues) et vivait au rythme du nombre de tests quotidiens (on dénombrait plus de 300 000 tests positifs par jour) et du passe sanitaire, bientôt transformé (à contre-temps diront certains) en passe vaccinal. Désormais, toutes les contraintes sanitaires ont été levées, les appels à rétablir le port obligatoire du masque dans les transports en commun ont sonné dans le vide et les Français semblent frappés d’une fatigue vaccinale, au grand dam des experts en santé publique. Seule vestige de la crise sanitaire : les soignants non-vaccinés sont toujours suspendus, un sujet qui revient régulièrement dans le débat.

Actuellement, après une 9ème vague au cours du mois de décembre, la France connait une période d’accalmie sans précédent : seulement 7 700 cas positifs par jour en moyenne hebdomadaire, du jamais vu depuis début novembre 2021 avant l’apparition du variant Omicron. Des chiffres à prendre cependant avec précaution, quand on sait que les laboratoires privés ont cessé pendant dix jours de remonter le résultat des tests PCR au système SI-DEP (dans le cadre d’un mouvement revendicatif) et que le nombre de tests réalisés est relativement faible (93 000 par jour contre 230 000 début décembre). La décrue est également nettement visible à l’hôpital, que ce soit pour le nombre d’hospitalisations conventionnelle (-31 % cette semaine) ou en soins critique (-20 %).

Quatre scénarios pour 2023

Considéré comme un des plus éminents experts de la Covid-19, l’épidémiologiste Antoine Flahault avance quatre scénarios possibles pour l’évolution de l’épidémie en France en 2023.

Le plus optimiste, mais pas le plus probable selon lui, est celui où la Covid-19 devienne une maladie endémique et ne connaisse plus aucune vague, sauf peut être en hiver. « La neuvième vague est en train de décroitre, il est possible de se dire de manière très optimiste que cette accalmie pourrait durer » avance prudemment le Pr Flahault, qui estime que même dans ce scénario optimal, il serait nécessaire de vacciner « les personnes fragiles par précaution tous les six mois ».

Les deux scénarios suivants sont des scénarios intermédiaires, similaires à ce que la France a connu en 2022, c’est-à-dire une succession de vagues épidémiques (et de reflux), provoquées à chaque fois par l’apparition d’un nouveau variant d’Omicron. Le troisième scénario se distingue par le fait que l’épidémie conserverait une certaine gravité. « Les hôpitaux resteraient dans une tension permanente sans que cela ne redescende vraiment » explique Antoine Flahault, qui rappelle que la Covid-19 continue de tuer une centaine de personnes par jour en France, soit « quatre à cinq fois plus que la grippe ».

Enfin, le scénario catastrophe serait l’apparition d’un nouveau variant présentant une grande capacité d’échappement immunitaire et qui relancerait une pandémie de grande ampleur. « Nous ne pouvons pas totalement éliminer ce scénario beaucoup plus noir où un variant totalement différent d’Omicron émergerait » explique l’infectiologue Anne-Claude Crémieux, même si Antoine Flahault veut croire que le temps des restrictions de liberté « est terminé ».

On voit ici une autre évolution observée durant ces trois ans de crise : les épidémiologistes auront appris à être plus prudents dans leurs prédictions et plus humbles face à l’évolution du virus.

Quentin Haroche

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