L’Apolipoprotéine E ε4 potentialise les effets de la dépression sur le risque de démence

On sait que l’allèle de l’apolipoprotéine E ε4 (APOE ε4) représente un facteur génétique de risque pour la maladie d’Alzheimer*. Mais plus récemment, la dépression s’est avérée constituer un autre facteur de risque de démence.

L’incidence du génotype APOE ε4 sur la relation entre dépression et démence restait cependant méconnue. Or une population américano-japonaise (hommes nés entre 1900 et 1919 et vivant à l’origine près d’Hawaii) est suivie depuis 1965, à l’origine pour une évaluation des facteurs de risque cardiovasculaire. Cette étude longitudinale HAAS (Honolulu-Asia Aging Study) a été utilisée pour la recherche sur les maladies neurodégénératives dans la vieillesse.

Les données évoquées ici émanent d’examens réalisés entre 1991 et 1999, sur des patients âgés de 71 à 93 ans. Elles ont permis de conclure que l’APOE ε4 influence (fâcheusement) l’association entre des symptômes dépressifs et le risque de démence sénile : l’interaction entre la dépression et l’apolipoprotéine en question débouche sur un risque de démence statistiquement significatif (risque multiplié par 7,1), contrairement au risque de démence chez les hommes avec APOE ε4 mais non déprimés. À l’inverse, ce risque est multiplié par 1,6 chez les hommes déprimés mais sans APOE ε4. Il semble donc que l’apolipoprotéine E ε4 potentialise fortement le risque de démence assignable au contexte dépressif. Comme ce risque de démence apparaît ainsi « en nette augmentation » chez les sujets déprimés possédant aussi l’allèle APOE ε4, on devrait se montrer particulièrement attentif, estiment les auteurs, aux signes précoces de détérioration chez un homme âgé souffrant de dépression et qui serait également porteur de l’allèle APOE ε4. Mais comme cette étude portait sur une population exclusivement masculine, des recherches complémentaires sont donc requises pour savoir si ces conclusions sont également transposables aux femmes.

*(voir par exemple le site de l’Association pour les neurosciences appliquées http://www.alzheimer-adna.com/Risq/ApoE.html)

Dr Alain Cohen

Référence
Fumiko Irie & col. : « Apolipoprotein Eε4 allele genotype and the effect of depressive symptoms on the risk of dementia in men » Arch Gen Psychiatry 2008 ; 65(8) : 906-912.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article