
Depuis novembre 2021, relate le mensuel Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, la Nouvelle-Zélande rejoint les états australiens de Victoria et d’Australie-Occidentale dans la « légalisation de l’assistance médicale à la mort » (VAD, voluntary assisted dying), à l’instar de trois autres états australiens (Tasmanie, Queensland et Australie-Méridionale) ayant déjà légalisé une forme d’euthanasie ou d’assistance médicale au suicide.
Parallèlement à ces évolutions législatives, observent les éditorialistes des antipodes, la place des psychiatres dans les soins de fin de vie tend à « s’élargir ». Ces spécialistes doivent notamment évaluer et traiter les troubles de santé mentale contribuant à la souffrance, à titre de garantie minimale avant d’autoriser tout décès volontaire ou médicalement assisté. Les auteurs citent ainsi une loi néo-zélandaise sur le choix de la fin de vie (promulguée en 2019) exigeant qu’un psychiatre « fournisse un troisième avis si la compétence pour prendre une décision éclairée n’est pas établie à la satisfaction de l’un ou des deux évaluateurs médicaux », confrontés à une situation de VAD.
La référence à un psychiatre est incluse dans les guidelines en Australie occidentale
De même, un texte de l’état australien de Victoria (le Voluntary Assisted Dying Act de 2017) stipule que si le médecin coordonnateur « n’est pas en mesure de déterminer si la personne a la capacité de prendre des décisions concernant l’aide médicale à mourir, comme l’exigent les critères d'admissibilité, par exemple en raison d’une maladie mentale passée ou actuelle » de l’intéressé, il faut orienter la personne sollicitant une « assistance médicale à la mort » vers un « professionnel de santé agréé avec les compétences et la formation appropriées », en particulier un psychiatre dans le cas d’une maladie mentale. Et bien que la loi analogue de l’état d’Australie-Occidentale ne précise pas explicitement le rôle de ce spécialiste, la référence à un psychiatre est incluse dans les directives (guidelines) officielles de cet état.
En résumé, cette « assistance médicale à la mort » révèle un nouveau terrain d’intervention pour nos confrères des antipodes, avec des défis complexes pour les patients, les familles et les professionnels de santé. Vu cette extension des législations sur l’assistance au décès, et alors que les psychiatres ont le droit de choisir ou non de participer au débat et à la pratique de cette VAD, il devient essentiel de revoir et de mettre à jour leur rôle en la matière, un rôle qui s’est progressivement étendu de l’expertise et de la gestion de la maladie mentale en fin de vie à la fourniture d’un avis autorisé sur la compétence en lien avec la prise de décision sur les processus d’euthanasie ou de suicide assisté.
Si les auteurs trouvent de nombreuses opportunités pour les psychiatres exerçant dans ce cadre juridique émergent de la VAD, on peut aussi y voir, au contraire, des gageures contradictoires avec la sacralisation implicite de l’existence, inhérente à toute éthique médicale.
Dr Alain Cohen