
Le suivi après un mélanome localisé comporte, selon Les
recommandations, un examen clinique complet, tous les trois à 6
mois pendant 5 ans puis tous les ans à vie. En Australie, où 29 %
des habitants vivent en dehors des grandes villes, l’éloignement
des dermatologistes rend difficile cette surveillance. C’est ce qui
a conduit une équipe australienne à suggérer que les patients
eux-mêmes se chargent en partie de leur propre suivi, option qu’ils
ont qualifiée de « patient-led surveillance » (led :
dirigé).
Cette led surveillance reposerait sur un auto-examen de la
peau enseigné par le médecin lui-même ou via une plateforme sur
internet ou encore par le biais d’applications sur smartphone, sur
la mise en place de systèmes informatiques permettant d’enregistrer
et transmettre des photos des lésions si possible réalisées avec un
dermatoscope et sur la télédermatologie.
Pour vérifier la faisabilité de ce suivi et évaluer la qualité
de ses performances, les auteurs, à Sydney et Newcastle (Australie)
ont entrepris une étude randomisée qui a été menée entre le
1er novembre 2018 et le 17 janvier 2020.
Pour y participer, les patients devaient avoir été traités pour un
mélanome localisé, posséder un smartphone, avoir dans son entourage
une personne pouvant l’assister dans l’auto examen de sa peau et
s’être rendu aux consultations de suivi programmées.
Pas d’impact psychologique majeur et une certaine efficacité
Parmi les 326 patients éligibles, cent âgés en moyenne de 58,7
ans dont 53 hommes ont été randomisés dans le groupe «
patient-led surveillance » (n = 40) ou dans le groupe suivi
clinique habituel (n = 51).
Selon les données cliniques, les participants du groupe «
patient-led surveillance » ont fait davantage d’auto examens
de leur peau que ceux de l’autre groupe (Odds ratio 3,5, intervalle
de confiance à 95 % IC 0,9 à 14) et se sont montrés plus minutieux
dans leur suivi tous en n’étant pas victimes de conséquences
psychologiques délétères détectables (pas de plus de peur d’une
récidive) ni ne se rendant à un plus grand nombre de consultations.
Il n’y a pas eu plus d’exérèses cutanées dans ce groupe (RR 1,1, IC
0,6 à 2,0) et de diagnostics de mélanomes (Différence de risque 10
% IC : -2 % à 23 %).
Au total, un nouveau mélanome et une récidive ont été
diagnostiqués chez 8 (16 %) des participants du groupe patient-led
surveillance, dont 5 en dehors des visites programmées, tandis que
3 (6 %) nouveau mélanomes ont été diagnostiqués dans le groupe
contrôle, dont aucun en dehors des visites programmées.
Dr Marie-Line Barbet