
Les bronchiolites virales des nourrissons, souvent dues au
virus respiratoire syncitial, provoquent des symptômes variant
d’une rhinite à une détresse respiratoire sévère. En raison de
l’obstruction bronchiolaire, du collapsus alvéolaire, de la baisse
de l’oxygénation, de l’augmentation du travail respiratoire,
certains enfants nécessitent un support respiratoire non invasif ou
une ventilation mécanique. Depuis longtemps, la pression
respiratoire positive continue (PPC) est utilisée. En distendant
les bronchioles, lavant le mucus, délivrant une oxygénation
optimale, elle abaisse le rythme respiratoire et la
pCO2 avec une meilleure efficacité que les
soins usuels et diminue le taux d’intubation. Elle nécessite
cependant une surveillance par un personnel entraîné. Plus
récemment, la canule nasale à haut débit (CNHD) a été proposée. En
délivrant un mélange d’air et d’oxygène, elle permet la ventilation
de l’espace mort, a une meilleure tolérance que la PPC, entraîne
moins de lésions des narines avec aussi une efficacité supérieure
aux soins usuels.
Un essai ouvert, randomisé, prospectif a été conduit au
Danemark dans deux centres, avec pour but de confronter les deux
techniques. Les enfants inclus avaient moins de 2 ans et
nécessitaient un support respiratoire en raison de la fréquence, du
tirage, des apnées, de l’hypercapnie et de l’acidose. Les critères
d’exclusion étaient une maladie chronique, une insuffisance
respiratoire sévère, une capnie > 9 kPa (67 mmHg). L’essai a eu
lieu de 2015 à 2018 ; la randomisation a été effectuée par
centre.
La PPC a été débutée avec un débit de 12-14 L/mn ; la CNHD a
été appliquée grâce à 3 tailles de sondes selon le poids avec un
débit initial de 2 l/Kg/mn. Dans les deux systèmes, le débit
pouvait être augmenté jusqu’à 15 l/mn et l’oxygène délivrée pour
maintenir la SpO2 au-dessus de 92 %. Le
score d’asthme de Woods, adapté aux bronchiolites, permettait
d’évaluer le degré de détresse respiratoire sur le murmure
vésiculaire, le wheezing expiratoire, le tirage, la conscience et
la SaO2. Les gaz du sang ont été mesurés au
début du traitement puis 6, 12, 24 et 48 h après.
Des résultats comparables
Pendant la période d’étude, 266 enfants ont été hospitalisés
pour bronchiolite ; parmi eux, 99 ont été traités par PPC ou CNHD ;
50 ont été inclus dans l’étude à l’âge médian de 2,8 mois (groupe
PPC) et 2,1 mois (groupe CNHD). Le rythme respiratoire moyen était
à 60 dans le 1er groupe, 56 dans le second
; la pCO2 moyenne était au départ à 6,7 (50
mmHg) dans les deux groupes. Le rythme respiratoire, la
pCO2, la FiO2 et le
score de Woods ont baissé de façon comparable dans les 2 groupes.
Les scores de douleur étaient plus élevés dans le groupe PPC ; 2
enfants sont passés de la PPC à la CNHD du fait d’une mauvaise
tolérance ; 2 enfants du groupe PPC ont été transférés en
réanimation secondairement. La durée du traitement et le temps
d’hospitalisation ont été comparables dans les 2
groupes.
Pr Jean-Jacques Baudon