
Paris, le lundi 2 décembre 2019 - Entre le gouvernement et les
intérimaires hospitaliers, la guerre est déclarée. Après avoir
annoncé dans son discours du 20 novembre vouloir lutter contre «
le mercenariat » et le « chantage exercé sur la
continuité des soins », le ministre de la santé Agnès Buzyn est
passé des paroles aux actes. Ce jeudi, elle a déposé un amendement
au projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS),
actuellement au Sénat, qui vise à mieux encadrer la rémunération
des intérimaires engagés par des hôpitaux publics. Les comptables
publics seront désormais habilités à invalider les contrats
d’intérim qui dépassent la rémunération légale, à retirer aux
intérimaires le trop-perçu et à sanctionner les hôpitaux qui ne
respectent pas le plafonnement des rémunérations.
Un décret impossible à respecter
L’amendement vise à faire respecter le décret du 24 novembre
2017 qui plafonne le salaire des médecins intérimaires à 1287 euros
pour 24 heures (1170 euros à partir du 1er janvier prochain). Mais
face aux manques d’effectifs et à la concurrence des établissements
privés, aux conditions de travail et à la rémunération plus
favorable, les hôpitaux sont parfois obligés de céder aux demandes
des intérimaires et de ne pas respecter le plafonnement. Pour
certains hôpitaux, le recours à des intérimaires même surpayés est
en effet le seul moyen d’éviter la fermeture d'un
service.
Les hôpitaux sont d’autant plus démunis qu’en face, les
intérimaires sont bien organisés. A la suite de l’entrée en vigueur
du décret, le syndicat des intérimaires (SNMRH) avait en effet
publié une "liste noire" des hôpitaux pratiquant le plafonnement et
donc à boycotter. Une initiative qui vaut à deux membres du
syndicat un passage devant le Conseil de l’Ordre des médecins,
saisi par le ministère de la santé (prévu le 14 janvier
prochain).
"Cannibales" ou "bouc émissaires" ?
Le ministre de la Santé n’a en tout cas pas de mot assez dur
pour qualifier l’attitude des intérimaires. Elle parle ainsi d’un «
cannibalisme hospitalier qui profite du manque de médecins pour
se servir sur la bête, déjà bien malade » et imposer ses
conditions. Elle rappelle notamment que l’intérim coûte 500
millions d’euros par an à l’hôpital public et propose donc de
développer l’intérim public au niveau des groupements hospitaliers
de territoire (GHT).
QH